Plusieurs organisations environnementales et de pêcheurs ont accusé lundi la Commission européenne d'avoir cédé aux lobbies néerlandais de la pêche industrielle en ignorant un avis défavorable de son comité scientifique, lorsqu'elle a proposé d'accorder des dérogations à l'interdiction de la pêche électrique.
Brûlures, déformations de squelette… Ce type de pêche consiste à envoyer depuis un chalut des impulsions électriques dans le sédiment pour y capturer des poissons benthiques, c'est-à-dire vivant au fond des mers. Elle est critiquée pour ses impacts sur la ressource : les poissons remontés dans les chaluts montrent souvent des brûlures, des ecchymoses et des déformations du squelette consécutives à l'électrocution. La pêche électrique est interdite en Europe depuis 1998 par un règlement en faveur de la conservation des ressources de pêche mais bénéficie de dérogations depuis 2007, à titre expérimental.
Le Comité scientifique en opposition à cette pratique ? Non seulement l'organe scientifique de la Commission, le Comité scientifique, technique et économique de la pêche (CSTEP), "n'a jamais donné son aval pour de telles dérogations, mais il a même explicitement déconseillé à la Commission européenne d'en accorder !", affirment dans un communiqué plusieurs organisations, dont Bloom, End Ecocide on Earth, Blue Marine Foundation, The Black Fish, Les Fileyeurs des Hauts-de-France, Fishermen United.
Un règlement de 2006 en jeu. Dans son avis, le Comité scientifique mettait en garde contre "un certain nombre de problèmes qui doivent être résolus avant que toute dérogation puisse être accordée". Pourtant le règlement européen de décembre 2006 qui adopte la proposition de dérogations de la Commission affirme qu'"à la lumière de l'avis du CSTEP, il convient d'autoriser", dans certaines zones "et sous certaines conditions, la pêche à l'aide de chaluts à perche associée à l'utilisation de courant électrique impulsionnel".