Le constructeur automobile Daimler, soupçonné de tricherie sur la pollution en Allemagne, a annoncé mardi étendre à plus de trois millions de véhicules diesel de sa marque Mercedes-Benz en Europe une mesure de rappel. "Afin d'améliorer efficacement le niveau d'émissions de davantage de modèles, Daimler a maintenant décidé d'étendre son action (de rappel) volontaire pour y inclure plus de trois millions de véhicules Mercedes-Benz", indique, dans un communiqué, Daimler.
Un coût total de 220 millions d'euros. Un rappel à bien moindre échelle avait déjà été entamé pour certaines voitures compactes et utilitaires, consistant à actualiser un logiciel pour que les émissions polluantes soient réduites sur une plage de températures plus ample qu'auparavant. Ces mises à jour sont gratuites pour les propriétaires de véhicules, Daimler prenant à sa charge le coût total de quelque 220 millions d'euros. Ce rappel doit "commencer dans les prochaines semaines" et est amené "à se poursuivre sur une longue période", étant donné le nombre élevé de véhicules concernés, a précisé le constructeur.
Une faille de la réglementation européenne exploitée. Dans le sillage du scandale du diesel chez Volkswagen, qui avait éclaté en septembre 2015, les autorités allemandes avaient diligenté une enquête ayant révélé au printemps 2016 des irrégularités sur les émissions polluantes de 16 marques automobiles en Allemagne. Les cinq marques allemandes concernées ont accepté de rappeler plus de 600.000 de leurs véhicules en Europe, dont environ 280.000 pour Daimler. Mais ces irrégularités ne relèvent pas de la même tricherie que celle de Volkswagen.
Les constructeurs, pas seulement allemands, ont pendant des années profité d'une faille dans la réglementation européenne pour désactiver le filtrage des émissions polluantes dans certaines conditions, par exemple en cas de températures extérieures basses, arguant qu'il s'agissait de protéger le moteur des véhicules. C'est dans ce cadre qu'a lieu ce dernier rappel volontaire.
Perquisitions chez Daimler. Par ailleurs, Daimler en particulier a été l'objet en mai de perquisitions dans le cadre d'une enquête de la justice allemande. Le résultat de ces perquisitions n'est toujours pas connu, mais la semaine dernière, plusieurs médias allemands ont affirmé avoir eu accès à un document d'enquête ayant déclenché ces perquisitions et expliquant qu'il y avait un soupçon de manipulation sur deux types de moteurs diesel, pouvant concerner un million de voitures.
Le trucage soupçonné permettrait cette fois qu'un système de réduction des émissions polluantes ne se mette en route qu'au moment des contrôles officiels, et soit désactivé quand les voitures sont sur les routes. Daimler n'a pas voulu commenter "une enquête en cours", tout en assurant coopérer et en se défendant d'avoir fait quelque chose de non autorisé.
Le diesel, sur la sellette. Alors que le diesel est de plus en plus sur la sellette et qu'un nombre croissant de villes envisagent une interdiction pure et simple des modèles les plus polluants, Daimler a aussi affirmé mardi sa volonté d'accélérer le lancement de nouveaux moteurs diesel "répondant à la réglementation européenne à venir plus stricte en matière d'émissions". "Le débat public autour des moteurs diesel créé de l'incertitude, en particulier pour nos clients. C'est pourquoi nous avons décidé de mesures supplémentaires pour rassurer les conducteurs de voitures diesel et renforcer la confiance dans la technologie diesel", a argumenté Dieter Zetsche, le patron de Daimler dans le communiqué.