La nécessité de réduire la dette est un "impératif" qui "doit être partagé" par toutes les forces politiques, avertit le premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, dans Les Echos et sur France Inter. Dans un épais rapport présenté lundi matin, les magistrats financiers de la Cour des comptes dressent un bilan préoccupant des comptes publics, susceptibles de pâtir encore de l'incertitude politique post-législatives. "Réduire notre dette est une ardente obligation. Ce n'est ni de gauche ni de droite : c'est d'intérêt général", souligne Pierre Moscovici, dans l'édition des Échos de lundi.
Et le premier président de la Cour des comptes a insisté sur France Inter : "Qui que ce soit qui gouverne demain la France, le prochain gouvernement devra s'emparer de cette situation de finances publiques". "Un Etat endetté est un Etat paralysé".
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"Dégager 25 milliards d'euros d'économie"
"Il y a plusieurs façons" de réduire la dette publique, "c'est la démocratie, mais cet impératif doit être partagé". "Je le dis à toutes les forces politiques, à chacun ses remèdes, mais il faut un consensus pour réduire la dette", explique Pierre Moscovici aux Echos. La France, contre laquelle l'Union européenne compte valider l'ouverture d'une procédure pour déficit public excessif, doit ramener en 2027 dans la limite européenne de 3% du PIB un déficit public ayant dérapé à 5,5% l'an dernier.
Le 11 juillet, le ministre de l'Économie et des finances Bruno Le Maire expliquait devoir "dégager 25 milliards d'euros d'économie" pour "tenir" les objectifs de finances publiques. "Si on disait 20 milliards la semaine dernière, et 25 milliards maintenant, c'est qu'il y a cinq milliards de plus", a réagi Pierre Moscovici sur France Inter. "Ces 5 milliards de plus correspondent probablement à un dérapage", note l'ancien ministre de l'Economie et des Finances de François Hollande.
La France doit aussi réduire sa dette qui s'est creusée à presque 3.160 milliards d'euros à fin mars (soit près de 111% du PIB, contre 60% selon les critères européens). Selon Pierre Moscovici, "si le remboursement de la dette absorbe toute marge de manœuvre, il sera impossible d'investir dans l'avenir, en particulier pour la transition écologique", sans pour autant prôner une politique d'austérité : "je sais qu'elle appauvrit, qu'elle dessèche et qu'elle crée des révoltes", a-t-il précisé sur France Inter.
"Nous avons deux dettes, une dette financière et une dette climatique", selon l'ancien commissaire européen qui rappelle que l'an prochain la Cour consacrera un nouveau rapport annuel à la question de l'investissement dans la transition écologique. "La contrainte climatique pourrait pousser à la hausse notre dette publique de 5 à 7 points de PIB", estime-t-il, ajoutant que "la prochaine trajectoire budgétaire doit impérativement intégrer les impacts du réchauffement climatique, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui".