La Ville de Strasbourg souhaite remettre de l’ordre dans les terrasses de café qui ouvrent tôt le matin dans les zones piétonnes. Pour simplifier la circulation des camions de livraisons dans ces petites rues souvent encombrées, la mairie s’appuie sur un règlement de 1951 qui stipule que les terrasses ne sont pas autorisées avant 11 heures. Dans les faits, de nombreux cafetiers dérogent à cette règle depuis des années, voire des décennies, mais ils redoutent aujourd’hui son application stricte.
"Une punition pour tout le monde"
Prendre son café du matin sur cette terrasse ensoleillée du centre-ville, c’est un rituel pour Edwine, surprise d’apprendre qu’elle ne pourra peut-être bientôt plus le faire. "Je ne pourrais même pas imaginer sans !", s’exclame-t-elle au micro d'Europe 1. "Je ne pensais même pas qu’on ne pouvait pas être avant 11 heures en terrasse. Ce serait tellement dommage", soupire la jeune femme. "On nous dit de faire fonctionner les commerçants, mais là… Je trouve que c’est une punition pour tout le monde."
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"Un quart du chiffre d'affaires et un ou deux collaborateurs en moins"
Plus qu’une punition, c’est même "un coup de massue" pour Samuel Alizadeh, le gérant du café Suzanne, une institution strasbourgeoise. "Cette maison existe depuis 1932 et a toujours eu une terrasse", rappelle-t-il. Se passer de cette terrasse de 8 heures à 11 heures, ce serait "un quart du chiffre d'affaires en moins et un voire deux collaborateurs en moins", estime ce cafetier.
Faciliter la circulation des camions de livraison
Pour Pierre Ozenne, adjoint au maire en charge des espaces publics partagés, appliquer ce règlement de 1951 rendrait la ville d’aujourd’hui plus agréable. "Nous dénombrons à Strasbourg plus de 600 terrasses. Il y a un peu plus de dix ans, nous étions quasiment moitié moins", explique-t-il. "La ville évolue et le nombre de zones piétonnes aussi".
Cette mesure permettrait surtout de désengorger les petites rues du centre historique : "Les livraisons sont réalisées de 6 heures à 11 heures du matin dans des espaces très réduits", rappelle Pierre Ozenne. "Donc il faut trouver des règles pour que tout puisse fonctionner correctement. Nous ne sommes pas opposés au fait qu’il puisse y avoir aussi des terrasses : tout est question de dimension et de cohabitation", conclut l’adjoint qui estime qu’une vingtaine de terrasses seulement seraient concernées. La mairie de Strasbourg a constitué un groupe de travail avec les cafetiers et les riverains ou encore les piétons pour étudier la question. Et elle promet de faire du cas par cas.