La grève des salariés de l'opérateur privé Smovengo en charge du nouveau Vélib' est-elle légale ? Non, estime l'employeur qui les a assignés en justice vendredi pour obtenir leur expulsion des deux sites où ils tiennent des piquets de grève. Les agents chargés de la régulation des vélos sont en grève depuis le 17 avril pour réclamer notamment une revalorisation des salaires de nuit, les jours fériés et les dimanches. La décision sera rendue lundi prochain à 15h.
Smovengo en difficulté. Ce mouvement social intervient alors que Smovengo vient de présenter un plan d'urgence, avec le remplacement de 3.000 vélos bloqués, pour tenter de sortir de la crise le nouveau Vélib' parisien depuis la reprise du service au groupe JCDecaux. A l'audience, devant 37 salariés de Smovengo assignés en justice, l'avocat de l'entreprise, Me Loïc Touranchet a demandé au juge de constater le caractère illicite de la grève en cours et d'ordonner l'expulsion des salariés qui, selon lui, freineraient par leurs actions la remise en service du parc des vélos parisiens.
Pour l'avocat, le Vélib' est assimilable à un service public et dans ce cadre les salariés se devaient de respecter un préavis de cinq jours avant d'entamer leur grève, ce qu'ils n'ont pas fait. Une version contestée par la défense des salariés pour qui le droit applicable est celui d'une entreprise privée. Le conseil de Smovengo estime en outre que "les barrages filtrant" mis en place devant les grilles d'entrée de la société "empêchent les véhicules de Smovengo ou de ses prestataires" de venir chercher les vélos ou les totems (bornes) pour effectuer les remplacements. Les avocats des salariés contestent également cet argument estimant que Smovengo cherchent à faire porter sur les salariés la responsabilité de son "incompétence".
Assignation contestée par les salariés. "Depuis janvier la société connaît des difficultés dans l'exercice de sa mission. Elle est inexpérimentée et incapable d'honorer le marché qu'elle a remporté. Et ce n'est pas la faute des salariés", a fait valoir à l'audience Me Thierry Renard rappelant que l'entreprise a déjà écopé de trois millions d'euros d'amende (de janvier à mars) en compensation des fortes perturbations du service.
"Où est l'urgence dans ce dossier quand une assignation en justice est envoyée le 4 mai pour une grève qui a débuté le 17 avril ?", a-t-il lancé. Sa consœur Aïcha Ouahmane a demandé au juge des référés (de l'urgence) de se déclarer incompétent pour "trancher sur le caractère licite ou illicite de la grève" et de renvoyer l'affaire à un juge du fond.