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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Y a-t-il des solutions contre la délinquance, la récidive et les prisons surpeuplées ? Le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau répète qu’il veut «une rupture en matière de politique pénale”. Il veut s’inspirer des expériences menées au Pays-Bas.

Les Pays-Bas font effectivement figure de modèle à plusieurs points de vue. Si le pays souffre du crime organisé qu’il peine à endiguer, il a fait spectaculairement baisser la petite et moyenne délinquance. Les vols ont diminué de moitié en 10 ans. Le taux d’homicides  a été divisé par deux lui aussi. Les viols, violences sexuelles, ont également enregistré une baisse même si elle est plus légère.

Et les prisons ne sont pas pleines.

Non : la tendance est même à la fermeture des établissements pénitentiaires. Le pays est passé d'environ 20000 détenus en 2004 à 9400 en 2023. Et alors que les taux d'immigration et de pauvreté sont assez similaires à ceux de la France, les Pays-Bas comptaient 50 prisonniers pour 100.000 habitants  en janvier 2022. Deux fois moins que la France. 114 détenus pour 100 000 habitants.

Quelle est donc la recette des Pays-Bas ?

C’est contre-intuitif, mais les pays bas n’ont pas rehaussé le niveau de sévérité des peines. Ils ont fait un autre pari, celui de ne pas laisser les carrières de délinquants prospérer. La politique pénale repose sur deux piliers : la rapidité d'exécution de la peine et surtout, la certitude de la peine. Si la justice néerlandaise envoie en prison pour des durées plus courtes, elle le fait aussi plus souvent. 23% des condamnations sont de peines de prison,  contre 15% en moyenne en Europe. Le Pays a aussi un dispositif de peines alternatives, comme des travaux d’intérêt généraux.  Mais quand il y a peine, on n’y échappe pas, et elle tombe tout de suite.

Evidemment, ca demande des moyens.

Ce qu’ils ne dépensent plus en prisons, les Pays-Bas le mettent dans le système judiciaire. En 2022, ils allouaient 120 euros par habitant et par an à la justice, contre 70 euros pour la France, qui est un mauvais élève en Europe. C’est le gage d’un système qui ne laisse pas les jouer au chat et à la souris avec le système pendant des années en attendant qu’on ouvre leur dossier.
Cette certitude des peines est bien dissuasive. Elle a fait très fortement baisser la récidive aux Pays-Bas. Alors que celle-ci explose littéralement en France pour les délits comme pour les crimes depuis le début des années 2000. Alors, tout n’est peut être pas duplicable, les Pays-Bas sont 13 fois plus petits et trois fois moins peuplés que la France, mais nos systèmes de droits et de respect des libertés publiques sont comparables. Il y a sans doute une inspiration à y trouver.