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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Il n’y aura pas d’éoliennes sur la commune de Porspoder, dans le Finistère, pas très loin de Brest.

La cour administrative d'appel de Nantes a annulé hier l'autorisation accordée par le préfet du Finistère de construire trois éoliennes sur la commune. Pour une raison typiquement bretonne : A 550 mètres des éoliennes, il y a deux menhirs, l’un debout, l’autre couché. La justice administrative estime que trois poteaux de 120 mètres de haut porteraient atteinte "aux paysages environnants et au patrimoine archéologique situé à proximité".

Les riverains et les amoureux du patrimoine local sont soulagés.

Ils voulaient sauvegarder un site exceptionnel, face à l’île d’Ouessant et un patrimoine vieux de 6000 ans, qui classé depuis 1893. Pour eux, les éoliennes représentaient une nuisance et une pollution visuelle inappropriée, qui n’était pas compensée par les 9MW de puissance annoncée.

Au-delà de la satisfaction locale, cette décision est un bon résumé de ce qui se joue souvent en justice autour des projets éoliens.

Les conflits sont légion autour des installations d’éoliennes. Les trois quarts des projets sont attaqués. Mais dans ce domaine, le législateur n’a pas tranché entre des intérêts contradictoires. D’une part la production d’énergie - qui est d’intérêt public-  et d’autre part, la défense du patrimoine et de l’environnement- deux sujets également d’intérêt public. Il a a laissé à la justice le soin de décider quel droit prime sur un autre.

Et jusqu’à une époque récente, les éoliennes avaient toujours le dessus.

Longtemps, les promoteurs d’éoliennes avaient partie gagnée. Ils étaient portés par la volonté politique d’en implanter partout. En 2018, un décret a même supprimé une voie de recours contre les installations éoliennes, celle des tribunaux administratif.

Tout a été fait pour réduire les chances des opposants d’obtenir l’annulation des projets. Ca explique que dans de nombreux cas, comme autour de la montagne Sainte-Victoire, les riverains ont eu du mal à faire valoir juridiquement les dégâts qu’elles occasionnent aux terres agricoles, aux populations d’oiseaux ou aux paysages. Tout un paradoxe... Une logique financière enrobée de bons sentiments décarbonés l’a longtemps emporté sur la logique environnementale ! Jusqu’à l’overdose d’éoliennes

Le vent est en train de tourner.

En 2022, le Conseil d’Etat a rendu une décision importante.  Une sorte de rééquilibrage entre les intérêts publics que j’évoquais tout à l’heure. Il a estimé que la covisibilité d’éoliennes avec des monuments historiques était un argument suffisant en droit pour écarter ou contraindre un projet. Il a statué en faveur du patrimoine, face aux intérêts énergétiques.  Et c’est grâce à cela que les opposants aux éoliennes de Porspoder ont obtenu gain de cause. C’est cette potion magique qui a sauvé les menhirs.