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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Une étude scientifique a failli mettre le feu à la Grande Bretagne ces dernières semaines. Elle porte sur la taille des pintes, la bière servie dans un très grand verre.

Il faut voir le nombre d’articles engendré par cette étude menée par l’équipe de recherche sur les comportements et la santé de l’Université de Cambridge.

Je la résume. Dans 13 pubs britanniques volontaires, les scientifiques ont demandé aux tenanciers de ne plus proposer de pintes de bière à la vente ; une pinte britannique, c’est 568 ml. (La nôtre, c’est seulement  500ml). A la place, le plus grand modèle de bière pression disponible a été un verre de deux tiers de pinte. Résultat surprenant. Les consommateurs n’ont globalement pas bu plus pour compenser. Les ventes de bière ont baissé de 10 % - pas tout à fait autant cela dit, que la baisse de volume de la pinte à l’unité ( 33%).

Quel était le but de l’étude ?

De démontrer que les consommateurs pensent davantage en termes de portions qu'en termes de taille de portion, quand ils choisissent une bière, (on sait que c’est déjà le cas pour les parts de gâteau ou les plats préparés). Et ensuite, d’expliquer qu’on a là un levier de santé publique.

Si les autorités réglementent différemment les quantités légales des choses – la pinte, mais ça pourrait aussi être le cas de la taille de nos bouteilles de vin, Ca peut être une façon de réduire la consommation d'alcool et de lutter contre les maladies qu’elle entraîne.

Mais cette idée a suscité une levée de bouclier incroyable.

Oui, et c’est venu de toutes parts. De Britanniques excédés que l’hygiénisme se mêle de leur quotidien, et qui ont même attribué l’étude à des “scientifiques wokistes” ce qui est carrément tiré par les cheveux. Des défenseurs de la culture et de l’esprit britannique, qui rappellent que la pinte au  pub fait partie de l’identité et de la sociabilité britannique. Et on a même entendu même des héraults de la tradition, qui font remonter la définition de la pinte à la magna carta – le texte qui fonde l’Etat de droit britannique. C’est dire si ça remue des choses, cette histoire de pinte.

Sur le fond, ça reste intéressant, cette histoire de mesure des choses. Mais vous dites qu’il faut la manier avec précaution.

C’est fascinant, ce type d’études comportementales. Parce que ça révèle nos réflexes profonds. Et notamment, en creux, une chose : il faut avoir la main légère sur le contrôle, parce qu'on risque vite les effets pervers. Exemple typique avec notre pinte britannique. Si on diminue un peu la quantité, la consommation baisse. Si on la diminue trop, ça ne marche plus... Et à l’inverse, on augmente les quantités consommées.

La preuve ? La pinte britannique, c’est la plus grosse portion de bière standard au monde. Mais les Britanniques ne sont que 28e au classement mondial de la consommation de bière. 69 litres par an et par habitant. A contrario, l’Espagne, où la portion de bière la plus consommée est la cana de 200 ml est huitième pour la consommation de bière par habitant, (81 litre par an). C’est tellement petit que les consommateurs en boivent plus !