Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Syndrome de Stockholm à la Gaité Lyrique.
Savez-vous ce qu’est le syndrome de Stockholm? C'est le fait, pour une victime, de ressentir de liens de compréhension, d'affection pour son bourreau. On l'appelle comme ça, après que des otages d'un hold up dans une banque de Stockholm avaient refusé de porter plainte contre leurs agresseurs, en leur trouvant des excuses, c’était en 1973. C'est ce qui est en train de se produire à la Gaité Lyrique, un lieu culturel du 3e arrondissement de Paris, occupé depuis le 10 décembre par 300 migrants, avec la bénédiction de la direction. Et cela, quand bien même le lieu risque d’en mourir.
La situation s'est enkystée.
Tout a commencé lors d'une conférence de la Croix rouge, intitulée, cela ne s'invente pas, "réinventer l'accueil des réfugiés en France", c'était le 10 décembre dernier. 250 migrants ont fait irruption, exigeant des logements. Un groupe piloté -on peut dire manipulé - par un collectif "décolonial antiraciste", spécialisé surtout dans l'utilisation politique de la misère d'autrui. Le groupe de migrant s’est installé à la Gaité lyrique, pour ne plus en bouger. Depuis les rangs ont grossi, ils seraient plus de 300 migrants, dans des conditions sanitaires qui, selon la direction, se dégradent de jour en jour.
Outre des logements, les occupants demandent à être pris en charge par l'aide sociale à l'enfance. Cette question a déjà une réponse : les services sociaux démentent : ce ne sont pas des mineurs isolés. La mairie de Paris les qualifie de "jeunes adultes", tout en les assurant de son soutien.
Et la Gaité Lyrique est inutilisable depuis un mois et demi
Le bâtiment reste fermé jusqu’à nouvel ordre. «Tous les événements prévus entre le 10 et le 24 janvier sont annulés ou déplacés dans d’autres lieux partenaires», explique la direction. Quelle ironie. La gaité Lyrique a fait des migrations une de ses thématiques phares, déclinée en concerts, en conférences, en expositions. La "fresque des migrations" qui devait s’y tenir jusqu'au 15 janvier a été annulée. Son but était de déconstruire les préjugés sur les migrants. Pas sûr qu’il soit atteint.
La direction ne fait rien ?
Non: syndrome de Stockholm. Elle pourrait porter plainte pour l’occupation illégale et exiger l'évacuation des locaux. Elle se refuse à le faire tant que la ville ou la région, n'ont pas trouvé d'hébergement pour les squatteurs. La ville, propriétaire des murs, se défausse sur l'Etat. Pour la direction de la Gaité lyrique, il est «impensable» de «rejeter les migrants à la rue en plein hiver». La direction déplore bien «le caractère subi et soudain de cette occupation», mais bonne fille, elle rappelle «la légitimité de la revendication du collectif visant à obtenir un toit» pour les invités indélicats.
Une bonté au péril de sa propre survie.
oui: la Gaité Lyrique risque, selon les mots de la direction “le dépôt de bilan”. Elle qui vit a 70% de sa billetterie et de partenariats a déjà perdu plusieurs centaines de milliers d'euros. Il y avait, en 2022, 72 salariés à la Gaîté lyrique. Visiblement, leur sort ne pèse pas lourd dans cette grande démonstration de solidarité forcée et masochiste.