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Tous les matins, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son “Voyage en absurdie”, du lundi au jeudi.

Aux Etats-Unis, l’enseigne de grande distribution Walmart, une des plus importantes du pays, a annoncé réduire ses initiatives en matière de diversité, d'équité et d'inclusion (ce qu’on appelle les politiques DEI)

Ce qu’on appelait les politiques DEI, car le terme, devenu ultra-polémique aux Etats-Unis en plein retour de balancier conservateur post-élection de Donald Trump va lui aussi disparaître de sa charte. Chez Walmart, ces politiques avaient été implantées en 2020, en plein Black Live Matters. Le directeur général avait alors promis des mesures contre le racisme systémique en créant un Centre pour l’équité raciale qui distribuerait 100 millions de dollars de subventions sur cinq ans. Entre autres. Terminé. Hier, Walmart a expliqué qu’il tiendrait plus compte de la race et du sexe pour favoriser la diversité lors de l'octroi de contrats avec des fournisseurs. Le détaillant réduira la formation sur l'équité raciale et va sortir des classements d'un groupe de défense des droits LGBTQ. Entres autres, encore.

Qu’est-ce qui pousse Walmart à une volte face aussi spectaculaire ?

La presse américaine met en avant des pressions conservatrices qui promettent aux entreprises, de manière plus ou moins voilée, des rétorsions si elles continuent à endosser les politiques dites “ woke”. C’est vrai. Mais c’est un peu plus compliqué que ça. Walmart dit vouloir favoriser un “sentiment d’appartenance” pour ses associés, ses clients, ses fournisseurs, vouloir être un “ Walmart pour tout le monde”.

Une façon de reconnaître que les politiques “inclusives” sont vécues comme un facteur d’exclusion pour une partie de la population. Elles semblaient partir d’un excellent sentiment, mais si elles ont été développées si vite par les entreprises, c’est que les dernières voulaient avoir la paix. Car elles subissaient un autre type de pressions, inverse à celles qu’elles vivent actuellement, avec la menace de boycotts violents.

Walmart s’ajoute à une liste déjà longue d’entreprise qui ont fait marche arrière

Ça a été le cas de Harley Davidson, de la chaîne de magasins d’équipement de la maison Lowe’s, du tractoriste John Deere, de Ford. La mode a changé. Il est passé le moment des démonstrations de vertu spectaculaires sur le thème : plus vous êtes une minorité, mieux c’est. Jaguar qui vient de lancer une campagne de pub sur ce thème, complètement à contre-temps, est en train de subir une campagne de moqueries planétaire.

Qu’est-ce que ça dit, ces hésitations des entreprises, au gré des pressions sociales ?

Que les entreprises se trompent en acceptant de devenir des terrains de luttes politiques. Les militants intersectionnels en ont fait des expérimentations grandeur réelle de la tyrannie de la minorité. Les militants « antiwoke », pas beaucoup plus fins, voudraient en faire des machines à régression sociale.

Dans un cas comme dans l’autre, il n’y a que des coups à prendre. Il est temps pour les entreprises de recommencer à promouvoir le mérite individuel, sans distinction de race, de genre ou de sexe, pour le bien économique collectif.