Des policiers de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP) auraient "reçu l'ordre d'enquêter" début 2011 sur Valérie Trierweiler, journaliste politique et compagne de François Hollande, favori de la primaire du PS pour 2012. C'est L'Express qui l'affirme dans son édition à paraître mercredi. La police dément.
Son "réseau relationnel" passé à la loupe
L'hebdomadaire explique que des "sources policières concordantes", et "à plusieurs niveaux hiérarchiques", affirment que "des fonctionnaires" de la DRPP "triés sur le volet (...) ont reçu l'ordre d'enquêter sur Valérie Trierweiler". Ces mêmes sources qui précisent que cette enquête a été menée à partir de février 2011 et disent s'exprimer en raison des poursuites judiciaires suscitées par d'autres investigations policières menées sur des journalistes du Monde enquêtant sur les procédures visant l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt.
L'Express ajoute qu'il "s'agissait d'établir une notice biographique fouillée" sur la journaliste, "y compris sur son réseau relationnel".
La police parle de "rumeurs"
La préfecture de police de Paris a de son côté démenti "l'existence" d'une note et de "toute demande d'enquête", ajoutant que "les services de renseignement n'interviennent en aucune façon dans les domaines politique et privé".
Dans un communiqué, la préfecture de police de Paris "rappelle son attachement absolu au respect de la loi républicaine et à la déontologie". Elle "se réserve toutes les voies de droit utiles" et "regrette le colportage de rumeurs susceptibles de porter atteinte à l'honneur et à la considération du service public".
Les enquêtes des RG et des services de renseignement dans les milieux politiques ont été officiellement supprimées il y a plusieurs années à la suite de plusieurs scandales.
L'intéressée "abasourdie"
Quant à l'intéressée, elle se dit pour sa part "abasourdie". "Je réfléchis avec Me Giffard, mon conseil, à la suite à donner", affirme Valérie Trierweiler qui avait annoncé un peu plus tôt mardi qu'elle cessait d'animer l'émission politique de Direct8 2012, portraits de campagne. Une "décision personnelle sans lien avec la campagne du candidat socialiste", précise-t-elle au Monde daté de mercredi.
"Pour l'instant, nous n'avons pas d'information complémentaire. Nous n'avons que l'article de L'Express (…). J'essaie d'avoir des informations et l'on n'exclut aucune voie", affirme Me Giffard.
Hollande monte au créneau
La réaction de François Hollande n'a pas tardé. "Je découvre cette information. Si elle devait se confirmer, ce serait extrêmement grave, cela voudrait dire que le cadre légal n'aurait pas été respecté puisque depuis un certain nombre d'années, les services de renseignements ne sont plus habilités à mener ce type d'enquête sur des personnes privées ou sur des personnes politiques", a commenté le candidat à la primaire lors d'un déplacement en Savoie, selon des propos rapportés par Le Point.
Du côté des fidèles du député de Corrèze, c'est aussi la consternation. Jean-Marc Ayrault, le chef de file des députés PS, s'est dit "indigné", s'il devait apparaître que l'information était "exacte". Le sénateur PS André Vallini a réclamé mardi des "éclaircissements" au ministre de l'Intérieur Claude Guéant. A noter que Ségolène Royal, ancienne compagne de François Hollande, s'est contentée de déclarer que "les campagnes présidentielles sont extrêmement dures".
Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a relevé mardi qu'une telle enquête n'était "pas avérée", qu'il n'en existait pas de "preuve", ajoutant toutefois que si tel était le cas, il en serait "indigné".