L'affaire "Kohlantess" met en lumière "les conditions difficiles de travail pour le personnel pénitentiaire et les conditions de détention qui sont quand même très dégradées", selon Rachida Dati. Cet événement sportif organisé fin juillet au centre pénitentiaire de Fresnes a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, avant de créer une polémique politique. L'ancienne garde des Sceaux et maire LR du 7e arrondissement de Paris, était l'invitée d'Europe 1 mercredi, elle juge que l'actuel ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti est "très silencieux sur la spirale de la délinquance et de la violence en France".
Une mise en cause déplacée
D'après elle, "le seul moment où il prend la parole, il la prend de manière abrupte pour faire un commentaire sur une situation qui s'est passée en prison", poursuit-elle, en référence à "Kohlantess". Éric Dupond-Moretti "a fortement attaqué et mis en cause le directeur de la prison".
Or, l'ex-garde des Sceaux l'affirme, "on sait ce qui se passe dans les établissements pénitentiaires", et ces projets ne sont pas spontanés : "Ce sont des projets présentés, des magistrats peuvent les valider, et ça remonte au cabinet du ministre. C'est faux de dire que ça ne peut pas remonter."
"La prévention de la récidive, c'est la sécurité des citoyens"
Rachida Dati insiste : "C'était maladroit de diffuser des images sans aucune pédagogie", et le ministre aurait dû en faire. D'après elle, lorsqu'on "est garde des Sceaux, on ne dit pas : 'Je ne suis pas au courant, ce n'est pas ma faute, [c'est] ce méchant directeur de prison avec ses méchants prisonniers.' Ce n'est pas comme ça que ça se passe, parce que la prévention de la récidive, c'est la sécurité des citoyens", assure-t-elle.
Et de citer les améliorations qu'elle a elle-même mises en place lorsqu'elle était ministre de la Justice. "J'ai construit des prisons avec des ateliers pour que les détenus puissent travailler. Aujourd'hui, tous les détenus ne peuvent pas travailler, parce qu'il n'y a pas d'ateliers adaptés. Et quand ils travaillent, au moins, ils indemnisent les victimes", précise-t-elle au micro de Sonia Mabrouk. "L'autre aspect, c'est d'avoir des unités de vie familiale." Avoir des "parloirs dignes pour recevoir sa famille, ça favorise la réinsertion, ça prévient la récidive."
Enfin, Rachida Dati tient à le confirmer : "Ceux sur lesquels on travaille sur les projets de réinsertion, souvent, ce sont les courtes peines, ce n'est pas Salah Abdeslam ou Antonio Ferrara qui sont sur les kartings."