Le froid s'est brutalement abattu sur la France cette semaine. A Paris, les températures négatives ont frigorifié les habitants et menacent sérieusement les sans-abri. "Personne ne peut accepter que des gens dorment dehors, a fortiori quand il fait froid. La Ville de Paris dispose de 10.000 places d’hébergement d’urgence, soit cinq places pour 1.000 habitants quand les Hauts-de-Seine n’en comptent qu’une pour 1.000 habitants", pose Ian Brossat, adjoint à la Mairie de Paris en charge du logement, dans une interview au Journal du Dimanche.
1.000 places supplémentaires. Mais Ian Brossat veut aller plus loin. "1.000 places supplémentaires seront ouvertes dans le cadre du plan 'grand froid', ainsi que de nouveaux centres d’hébergement, comme celui du bastion de Bercy, dans le 12e arrondissement (308 places), à compter du 10 décembre", annonce l'élu communiste. "Cependant, la situation reste très préoccupante. Selon le Samu social, seuls 30 % des appels au 115 aboutissent à une proposition d’hébergement. Il faut donc changer de braquet. Cet été, le président de la République a dit qu’il ne voulait 'plus personne dans les rues '. Je lui réponds : 'chiche !'. J’ai des propositions à lui faire."
Concrètement, Ian Brossat propose à l'État d'aménager deux sites afin qu'ils puissent accueillir des sans-abri. "D’une part, le Val-de-Grâce (propriété du ministère des Armées, ndlr), vide depuis juin 2016 et qui pourrait accueillir des sans-abri en attendant son réaménagement. D’autre part, un terrain d’un peu plus de 1.000 m² situé à Neuilly-sur-Seine, copropriété de la Ville de Paris et des Beaux-Arts, aujourd’hui utilisé comme parking par un club de tennis. Ce terrain pourrait tout à fait se prêter à de l’hébergement modulaire, sur le modèle de ce que nous avons fait en lisière du bois de Boulogne, dans le 16e arrondissement."
" La solidarité n’est ni une punition ni une provocation "
"La mixité sociale fonctionne". Le centre d'hébergement du 16e arrondissement avait provoqué l'ire d'habitants du quartier mais Ian Brossat estime que cela n'a plus lieu d'être. "Entre-temps l’expérience a prouvé que la mixité sociale peut fonctionner. A l’époque, on a entendu des insanités : la relation avec le voisinage allait être désastreuse, la délinquance allait se développer…", se remémore l'élu. "Un an plus tard, la réalité, c’est que les choses se passent bien. Un certain nombre de riverains se sont même portés volontaires pour contribuer à l’animation de ce centre d’hébergement. Les enfants fréquentent les écoles du quartier sans aucune difficulté. La démonstration s’est avérée concluante, il n’y a aucune raison pour que ça se passe mal à Neuilly."
Le 16e arrondissement, Neuilly : la ville de Paris vise-t-elle volontairement les quartiers huppés ? "La solidarité n’est ni une punition ni une provocation. Tout le monde sait qu’il faut de nouvelles places d’hébergement. Nous souhaitons d’ailleurs ouvrir un autre établissement pour les sans-abri dans le 16e, au sein de l’ancienne caserne Exelmans, d’ici à l’hiver 2018", annonce Ian Brossat. "J’ai noté le changement de ton du maire de l’arrondissement, Claude Goasguen (LR), qui s’est dit favorable au projet."