SNCF : "On ne réforme pas par surprise", assure Elisabeth Borne

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Invitée d'Europe 1, la ministre chargée des Transports a assuré que les résultats de la concertation sur la réforme du rail pourraient venir supplanter les ordonnances.
INTERVIEW

C'est une main tendue, mais en forme d'ultimatum. Alors que le gouvernement veut avoir recours aux ordonnances pour réformer la SNCF, les représentants des travailleurs se disent prêts à discuter avec l'exécutif, et s'engagent même à ne pas prendre de décision sur un d'appel à la grève avant le 15 mars, du moins si le pouvoir renonce à ce qu'ils dénoncent comme un passage en force. "On ne réforme par surprise. On a fait un diagnostic, on a mis tous les sujets sur la table, c'est le rapport de Jean-Cyril Spinetta", fait valoir mercredi matin au micro d'Europe 1 Elisabeth Borne, la ministre chargée des Transports.

Deux mois de concertation et trois de débat. Pour déminer les tensions autour de ce projet, la responsable gouvernementale avait à cœur mercredi matin de détailler la méthode du gouvernement, placée, assure-t-elle, sous le signe du dialogue avec les partenaires sociaux. "Il y a à la fois urgence à avancer, et en même temps la volonté du gouvernement, c’est la concertation", assure-t-elle. "Il va y avoir deux mois de concertation et trois mois de débat parlementaire. Les deux avanceront parallèlement, et c'est la concertation qui va nourrir le débat parlementaire. À chaque fois que la concertation aura permis d'avancer sur un sujet, on mettra dans la loi les dispositions à la place des ordonnances", explique-t-elle.

La fin du statut des cheminot. Trois groupes de concertation vont ainsi être mis en place à partir de jeudi : sur l'ouverture à la concurrence, sur l'organisation de la SNCF et sur "la modernisation sociale du secteur avec la question de l'arrêt du recrutement au statut", précise Elisabeth Borne. "On a dit qu'à l'avenir on ne recruterait plus au statut. L'échéance fait partie de la concertation", rappelle la ministre. "L'urgence, c'est une SNCF bien préparé à l'ouverture à la concurrence, ce sont des cheminots bien préparés, et c'est un réseau mieux entretenu. C'est de tous ce sujets-là dont on va discuter avec les syndicats", résume-t-elle.

Le poids de la dette malgré un bilan positif. La publication mardi des bons résultats de la compagnie ferroviaire en 2017 – avec un bénéfice net de 1,33 milliard d'euros -, pourrait néanmoins fournir un argument de poids aux syndicats pour battre en brèche le diagnostic alarmiste du gouvernement sur l'entreprise publique. "La fréquentation a augmenté en 2017, il y a plus de monde dans les trains. Ça montre que les Français veulent un service public ferroviaire performant. C'est une bonne nouvelle", reconnait Elisabeth Borne. Mais "ça ne règle en rien les problèmes du secteur : des financements publics toujours plus importants […] et une dette qui ne cesse de gonfler", souligne-t-elle.

Cette dette, chiffrée à 46,6 milliards d'euros, inquiète d'ailleurs de plus en plus dans les couloirs de Bercy. "La dette est une menace pour la SNCF. Les gouvernements précédents disaient qu'il n'y avait pas de problème avec la dette. Nous, nous disons qu'il y a un problème avec la dette, il faut s'en occuper", martèle Elisabeth Borne. "C'est aussi parce que cette dette augmente que l'on n'a mis insuffisamment d'argent dans le réseau", avance-t-elle alors que les incidents d’exploitation se sont multipliés ces derniers mois.