Emboîtant le pas de confrères suédois et britanniques, l’Association française des biotechnologies végétales vient de lancer une pétition auprès des scientifiques français. Cette organisation que la réglementation européenne sur les OGM se base sur les connaissances scientifiques, et seulement sur les connaissances scientifiques.
Concrètement, l’Association française des biotechnologies végétales veut dénoncer une législation “de plus en plus déconnectée des faits scientifiques établis après quinze ans de recherches et d’expériences sur le terrain“. Et pour l’heure, la pétition compte 390 signataires.
C’est au nom de leur désaccord face à la seconde demande du gouvernement d’interdire la culture du maïs génétiquement modifié MON810 auprès de la Commission européenne, que ces chercheurs manifestent. Opposée à la culture de ce maïs, la France tente par tous les moyens de l’interdire.
Le sacro saint principe de précaution pose problème
Principal mis en cause par les scientifiques : le fameux principe de précaution primant sur la culture des organismes génétiquement modifiés. "Les politiques nous parlent d’innovation et de recherche, mais dès qu’il s’agit de développer, on nous oppose le principe de précaution et on renforce les mécanismes d’évaluation. Certains dossiers sont en attente depuis douze ans", regrette Philippe Gracien, directeur du Groupement national interprofessionnel des semences ou plants (Gnis). Une entrave à la recherche qui n’est pas justifiée pour certains scientifiques qui revendiquent la non-nocivité des OGM pour la santé humaine.
“Il n’y a jamais le moindre empoisonnement ou décès ou accident en mangeant des OGM. C’est un mensonge de dire le contraire“, précise le médecin Marc Fellous, également signataire de la pétition, au micro d’Europe 1. “Nous sommes très en colère car la recherche sur les OGM, c’est quelque chose qui permet de produire davantage, de nourrir mieux le monde et qui évite également l’utilisation de pesticides, donc tout ce qu’on cherche à obtenir et on l’interdit aujourd’hui en France“, s’emporte une signataire de la pétition au micro d’Europe 1.
Fuite des cerveaux et déclin de la recherche
Les chercheurs mettent en garde la classe politique contre la perte de compétitivité de la France en matière de recherche agronomique. "Dans les années 80, et jusqu’en 2006, la France était en pointe en matière de recherche publique et privée dans les biotechnologies. Aujourd’hui, notre retard n’est pas irrattrapable, mais il est considérable", déplore Yvette Dattée, de l’AFBV. Cette association a récemment publié une lettre ouverte aux candidats à la présidentielle. Elle s’inquiète de l’impossibilité d’effectuer des travaux en champs sur de nouvelles variétés d’OGM, et déplore un "isolement croissant de notre recherche et de nos industries, qui menace notre indépendance technologique, pénalise notre compétitivité et compromet notre influence".
Du fait de l’interdiction de la culture des OGM, la recherche devient de plus en plus difficile et les cerveaux sont désormais plus rares dans ce domaine car contraints de traverser l’Atlantique. "Les jeunes chercheurs ne veulent plus travailler dans ce domaine, car ils savent qu’ils devront partir aux Etats-Unis, comme beaucoup d’autres chercheurs l’ont déjà fait, s’ils veulent continuer leurs travaux" précise Yvette Dattée. Ainsi certaines entreprises semencières comme Limagrain ont déjà délocalisé leur recherche aux Etats-Unis.