Plus de deux millions de personnes, essentiellement des personnes âgées ou malades, souffrent en France de dénutrition. Pour mettre fin à cette "maladie silencieuse", le Collectif de lutte contre la dénutrition créé au début de l'année par des professionnels de la santé et des associations de patients a décidé d'alerter la population et les pouvoirs publics par le biais d'un Manifeste de lutte contre la dénutrition.
"Mettre fin à ce fléau mal connu". "Nous lançons un cri d'alarme face à une maladie méconnue, qui favorise le développement d'infections et de complications postopératoires, retarde la guérison, accroît le risque de chute, allonge la durée des hospitalisations et peut dans certains cas conduire à la mort" résume le Dr Eric Fontaine, fondateur du collectif qui a décidé de frapper un grand coup en invitant les Français à signer à partir de mercredi un "Manifeste de lutte contre la dénutrition" qui préconise dix recommandations pour "mettre fin à ce fléau".
Dénutrition, kézako ? La dénutrition résulte soit d'apports alimentaires insuffisants, soit d'une augmentation des pertes de nutriments, soit d'une une association des deux. Elle se définit par un indice de masse corporelle (IMC) inférieur aux courbes minimales de santé (18,5 chez les moins de 65 ans et 21 chez la personne âgée) et par une perte de poids involontaire de plus de 5% en un mois ou de plus de 10% en six mois.
La dénutrition en milieu hospitalier. Selon des statistiques rassemblées par le Collectif, la dénutrition touche 2 millions de personnes en France, "ce qui représente une ville comme Paris". Elle concerne entre 30 et 40% des personnes adultes hospitalisées (avec des taux dépassant 50% pour les personnes âgées) ainsi que 15% des enfants hospitalisés et jusqu'à 40% des personnes âgées vivant en institution. 5 à 25% des décès de patients atteints de cancers seraient par ailleurs liés à la dénutrition, selon la même source. "Un patient atteint d'un cancer métastatique meurt deux fois plus vite s'il est dénutri", note pour sa part le Pr Fontaine.
Augmenter le prix de l'alimentation des patients. Le collectif souhaite lancer un plan national de lutte contre la dénutrition 2018-2021, avec la présence d'un médecin nutritionniste et de 10 diététiciens pour 600 lits d'hôpital, la création d'un comité national de vigilance chez l'enfant et la formation des professionnels de santé au risque nutritionnel. Le collectif préconise également de "nourrir correctement 100% des patients malades", ce qui n'est pas le cas aujourd'hui avec seulement 3,73 euros dépensés chaque jour pour l'alimentation des patients hospitalisés, selon le Pr Fontaine. "Il faudrait passer à 6 euros par jour, mais cela coûterait près d'un milliard d'euros" ajoute-t-il.