Après un mercredi noir, les agriculteurs de l'Ouest promettent un jeudi noir. Mercredi, une quarantaine de points de blocage ont été comptabilisés sur les grands axes routiers des régions Bretagne, Normandie et Pays de la Loire. Depuis une semaine, ils revendiquent une rencontre avec Manuel Valls, mais n'ont toujours pas été entendus, contrairement aux taxis.
Deux poids, deux mesures. "Les taxis, le midi même, Valls les a reçu. C'est écoeurant. Donc ça veut dire qu'ils n'en ont rien à foutre de notre gueule", estime un éleveur de porcs présent sur le barrage de Plestan. "Pourquoi les taxis, eux, ont eu un rendez-vous tout de suite chez Manuel Valls ? On pue tant que ça pour ne pas avoir le droit de rentrer, nous, à Matignon ? On sent vraiment la bouse ? Aujourd'hui, les agriculteurs ne sont plus des bouseux. Qu'on s'en rende compte ! Ce n'est pas normal", s'emporte un autre agriculteur au micro d'Europe 1.
Soutenus par les élus locaux. Si les éleveurs bretons font face à une surdité apparente au sommet de l'Etat, ils peuvent compter sur l'écoute et la compassion élus locaux. Ils sont une dizaine du secteur de Jugon, ceints de leurs écharpes tricolores, à faire des sauts de cabri au-dessus des fossés pour rejoindre leurs agriculteurs. "On se retrouve face à des familles qui sont vraiment dans la misère, dans la détresse humaine", témoigne l'un d'entre eux. "Si jamais rien n'est fait, c'est plus de 10% de ma population qui est condamnée à ne plus travailler", explique Chantal Déjoué, la maire de Tramain. "Je n'ai jamais eu cette impression-là, d'un désespoir vraiment pas possible. Je suis très inquiète pour le territoire. La région peut devenir un no-man's land très rapidement si rien n'est fait", met-elle en garde. Sur 680 habitants, Chantal Déjoué recense 83 emplois directement liés à l'agriculture.
Jeudi, les syndicats agricoles des quatre départements bretons vont boycotter la réunion de crise sur la filière porcine prévue à la préfecture de Rennes.