Le collectif Inter-Urgences, à l'origine d'une grève qui touche près de la moitié des services publics d'urgences, "réfléchit à de nouveaux arrêts maladie groupés" cet automne si le gouvernement ne répond pas à ses revendications, avertit son président, Hugo Huon, dans une interview au Journal du dimanche.
Sans ce type d'action, la ministre de la Santé Agnès Buzyn "n'aurait pas bougé. Elle a vraiment une attitude de médecin. Ce n'est pas idéal pour gérer un conflit de paramédicaux. Elle ne négocie pas vraiment", juge Hugo Huon, pour qui la ministre "fait semblant devant les caméras de télévision mais la discussion ne s'engage pas". "On réfléchit à de nouveaux arrêts maladie groupés", indique-t-il tout en reconnaissant que "ce n'est pas évident. Certains ont peur". Mais "d'autres trouvent que ce n'est pas éthique mais si on baisse les bras, on signe la mort de certaines missions de service public".
Les urgentistes réclament "beaucoup d'argent sur la table"
Pour que le mouvement s'arrête, "il faudrait qu'Agnès Buzyn accepte nos revendications, qu'elle arrête de séparer la ville et l'hôpital pour régler le problème d'accès aux soins, qu'elle mette beaucoup d'argent sur la table, que Bercy ouvre les vannes. Si les décisions prises ne sont pas à la hauteur, on essaiera cet automne de fédérer tout l'hôpital, l'ensemble des structures de soin", avertit-il.
Début juin, des personnels des hôpitaux Saint-Antoine et Lariboisière à Paris ne s'étaient pas présentés à leur prise de service, car en arrêt maladie. Ce type d'action, "c'est dévoyer ce qu'est un arrêt maladie", avait alors critiqué la ministre de la Santé. Agnès Buzyn a annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures pour lutter contre la "surchauffe" des urgences, notamment la possibilité d'"admission directe" pour les personnes âgées et la "vidéo-assistance" dans tous les Samu.
D'autres annonces sont prévues lundi, jour où elle recevra "tous les acteurs du secteur", des syndicats et fédérations hospitalières aux représentants des médecins libéraux et du collectif Inter-Urgences. Sans attendre, plusieurs organisations de médecins hospitaliers ou urgentistes ont toutefois décidé de "rejoindre la mobilisation portée par le collectif" et de participer à son assemblée générale mardi à Saint-Denis.