Il était très attendu et ses conclusions sont plutôt claires : le rapport du Giec publié jeudi presse les gouvernements à agir pour préserver à la fois l'environnement et la capacité des sols à nourrir la planète dans les prochaines décennies. Parmi les pistes évoquées dans le rapport des scientifiques, on retrouve sans surprise des recommandations sur la nécessité de produire et manger globalement moins de matière animale, dont la viande.
Pour Jean-Pierre Fleury, membre de la fédération nationale bovine, président des "producteurs viande Europe" au Copa-Cogeca à Bruxelles et éleveur de vaches charolaises dans le Morvan, ce rapport est une opportunité. "Je ne me sens pas plus concerné que ça par le rapport du Giec, [qui invite à consommer plus] d''aliments d'origine animale produits dans des systèmes résilients durables à faibles émissions de gaz à effet de serre offrant d'importantes opportunités'. Je me dis bingo, c'est le système français", se félicite-t-il sur Europe 1.
" Si vous voulez qu'on tue l'élevage comme il est aujourd'hui en France… "
"Le problème que l'on a, c'est que de l'autre côté, on a une majorité En marche qui passe des accords avec le Ceta et le Mercosur, à l'opposé du système français", poursuit Jean-Pierre Fleury.
La question du devenir des prairies
Interrogée par une auditrice, Lola, vegan depuis quatre ans et qui considère que le rapport du Giec ne va pas assez loin en matière de justice animale, Jean-Pierre Fleury rétorque immédiatement : "Je n'ai aucun état d'âme là-dessus. Je vais vous dire, le bien-être animal… Il y en a marre, à force. Le système d'élevage en France est vertueux. Si vous voulez qu'on tue l'élevage comme il est aujourd'hui en France et si le gouvernement veut qu'on aille se fournir en viande en Amérique du Sud, avec des systèmes intensifs, continuez de taper sur l'élevage français ! Vous avez en modèle en or et il faut savoir le préserver."
Pour l'éleveur, se pose aussi la question du devenir des prairies en France, aujourd'hui en partie occupées par des animaux : "Qu'est-ce que je fais des 13 millions de prairies en France s'il n'y a plus de bovins pour ruminer l'herbe ? Comment on règle le problème de la biodiversité ?", interroge-t-il. Selon l'auditrice, une partie de ces terres pourraient servir à des cultures végétales…