Dix accusés du procès des attentats du 13-Novembre, dont Salah Abdeslam, puis neuf à l'issue des sommations d'usage, ont refusé de comparaître mardi devant la cour d'assises spéciale de Paris par solidarité avec l'un des leurs, "assez inquiet" pour sa santé. L'audience a repris avec deux heures de retard sur l'horaire prévu avec seulement deux accusés, Mohammed Amri et Farid Kharkhach, sur les onze accusés détenus, présents dans le box. Les trois accusés qui comparaissent libres étaient également présents à l'audience. "À l'issue des sommations, on a encore neuf détenus qui refusent de comparaître", a indiqué le président Jean-Louis Périès à la reprise de l'audience.
Il a précisé que "ce mouvement" était lié "au fait que l'un des détenus doit avoir un suivi médical et s'impatiente par rapport à la date de ce suivi". Selon des avocats interrogés par l'AFP, les accusés absents du box seraient solidaires de l'un des leurs, le Pakistanais Muhammad Usman, qui souffre d'un problème d'œil et qui était déjà absent de l'audience lundi pour cette raison.
Une audience initialement consacrée aux plaidoiries des parties civiles
L'audience de mardi devait être consacrée à la suite des plaidoiries des avocats des parties civiles. "J'ai essayé de rassurer ses avocats, j'ai pris attache avec la maison d'arrêt. Depuis ce matin, on est sur ce sujet et on fait en sorte d'accélérer cette prise de rendez-vous. On fait le nécessaire", a indiqué le président, sans citer le nom de Muhammad Usman au nom du "secret médical". L'avocat de Muhammad Usman, Me Edward Huylebrouck, a expliqué que le refus de comparaître de son client était "dicté uniquement par les craintes qu'il peut avoir sur son état de santé".
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"Cela fait treize mois qu'il attend sa deuxième intervention qui devait avoir lieu dans un délai de quatre mois", a-t-il dit. "M. Usman est légitimement inquiet pour son état de santé. Il ressent des douleurs depuis vendredi", a ajouté son conseil en demandant "un rendez-vous en urgence auprès d'un spécialiste". "À défaut, on sera contraint de solliciter une expertise pour voir s'il est en état de comparaître", a mis en garde Me Huylebrouck en précisant que son client était "navré qu'on doive en arriver là". "Il souhaite qu'on comprenne sa situation. Son refus de comparaître n'est de gaîté de cœur, ni pour nous, ni pour lui", a conclu l'avocat.
Après ces explications, l'audience a repris avec un hommage, par des avocats, aux victimes décédées lors des attentats, qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015. Elle devait se poursuivre avec la suite des plaidoiries des avocats des parties civiles.