Le PIB de la France chute au deuxième trimestre. 2:18
  • Copié
Ariel Guez
Invité de la matinale d'Europe 1, Ludovic Subran, chef économiste d'Allianz, est revenu sur l'importante crise économique que vit la France. Il affirme que si l'activité ne reprend pas, les aides de l'État ne seront pas suffisantes pour sauver les entreprises des secteurs en tension. 
INTERVIEW

C'est la plus grande baisse de PIB depuis 1968 en France. Vendredi, l'Insee a annoncé un plongeon historique du PIB de 13,8% au deuxième trimestre. La consommation des ménages a reculé de 11%, les investissements de 17,8%, les exportations de 25,5%. Des chiffres terrifiants qui devraient avoir pour conséquence principale la multiplication des plans sociaux. "Ça a déjà commencé, sur le début de l'année, on voit de grosses entreprises qui vont faire un redressement ou une liquidation judiciaire", confirme au micro d'Europe 1 Ludovic Subran, chef économiste d'Allianz. 

"On risque de voir des victimes de cette crise"

"On s'attend donc à une rentrée très difficile avec des mesures du gouvernement (chômage partiel, prêts garantis par l'État) qui seront toujours là, mais qui seront moins utilisées", craint Ludovic Subran. "Dans certains secteurs, comme la construction, la distribution, les transports, l’hôtellerie et la transformation, on risque de voir des victimes de cette crise", prévient-il.

Pourtant, le gouvernement a sorti les bouchées doubles pour venir en aide aux entreprises, à coup d'aides comme le chômage partiel ou sur la durée avec un important plan de relance. Cela ne sera pas suffisant pour éviter la casse sociale ? Les aides ont été d'une "magnitude incroyable", répond Ludovic Subran, "mais ça ne remplace pas l'activité". "Si votre hôtel ne fonctionne plus, même si l'État vous aide, malheureusement ça ne suffira pas", explique-t-il.

"C'est pour ça qu'il faut compléter : les 100 milliards du plan de relance doivent être très bien dépensés pour aider à reconstruire et à créer de nouvelles entreprises et relancer la consommation, l'investissement et l'export", plaide l'économiste. Mais Ludovic Subran prévient : "il va falloir être patient". Selon lui, la reprise sera graduelle et même si les chiffres du troisième trimestre vont mécaniquement afficher un rebond "qui pourrait être à 10 ou 12%", "on ne reviendra pas au niveau d'avant-crise avant 2022 en France".

Pour autant, cela ne veut pas dire que la France fait moins bien que d'autres. "C'est à peu près pareil dans les autres pays" affirme Ludovic Subran, citant la situation allemande. "Donc il ne faut pas non plus s'auto-flageller", conclut-il.