Le masque, partout, tout le temps… C’est ce qui nous attend pour la plupart dès mardi au bureau. Mais certaines entreprises n’ont pas attendu le 1er septembre pour imposer cette règle visant à lutter contre la propagation du coronavirus. C'est le cas de Station F, l'incubateur qui accueille quelque 1.000 start-up, dans le 13ème arrondissement de Paris. Là-bas, c’est masque obligatoire dans tous les espaces depuis le 20 juillet. Des messages de prévention sont affichés sur tous les écrans de la Halle Freyssinet. Et en cas d'oubli, c'est l'exclusion pour la journée. Malgré cela, ce n’est pas toujours simple de faire respecter l’obligation.
Prévention, avertissement puis sanction
"Excusez-moi, il faut que votre masque soit systématiquement sur votre nez" : cette phrase, Ghizlane Benhakkou la répète des dizaines, voire des centaines de fois par jour. Agente de sécurité incendie à Station F, elle fait quotidiennement le tour de la grande halle qui abrite les start-up. Sur trois étages, dans les open spaces, les coins machine à café et jusque dans les salles de réunion, elle guette les masques mal portés voire parfois oubliés par les pensionnaires du lieu. "Ça prend deux heures, on vérifie que les résidents ont bien tous leur masque. Il y a un premier avertissement, on essaye de faire de la pédagogie, puis on sanctionne", explique Ghizlane Benhakkou.
Anne-Sophie Bierry, assistante des services généraux, l'accompagne lors des patrouilles. Une routine toujours nécessaire, même après un mois, selon elle : "C'est un peu le jeu du chat et de la souris. La plupart comprennent mais on a des récidivistes, certains même d'un jour sur l'autre. On a une petite bande qu'on connaît bien", rigole-t-elle. Ce duo - un peu "bon flic/mauvais flic" - est repéré de loin par les entrepreneurs. À leur approche, certains se pressent de remonter leur masque du menton au nez discrètement. Les moins vigilants, eux, en sont quitte pour une sanction.
"Je comprends les contraintes mais il pourrait y avoir plus de tolérance"
Chaque start-up étant une entreprise propre, impossible pour Station F d’infliger des blâmes ou des sanctions administratives aux récalcitrants. À la place, ils sont invités à quitter les lieux et à revenir chercher leur badge le lendemain matin. Une sanction approuvée par une vaste majorité des pensionnaires de la Halle Freyssinet, comme Charles. Lui avait oublié de remettre son masque après avoir fini son café. Il s'en sort simplement avec un avertissement. "C'est nécessaire que ce genre de recommandations soient faites. C'est difficile de l'appliquer mais c'est une bonne chose, oui, bien sûr", estime-t-il.
Mais beaucoup de mauvais élèves pris en flagrant délit tentent d'éviter la sanction en trouvant une excuse : "j'étais en train de boire", "j'avais un peu chaud", "le masque me donne des migraines"… "Ils savent très bien qu'il n'y a pas d'excuse. On discute et ils comprennent", affirme Anne-Sophie Bierry. Chaque jour, une vingtaine de personnes terminent ainsi leur journée dehors. Tous ne prennent pas la punition avec le sourire, à l'image de Florent, exclu pour la deuxième fois : "Je comprends les contraintes mais il pourrait y avoir plus de tolérance. J'ai bu de l'eau il y a 30 secondes et j'ai oublié de le remettre. Là je vais devoir rentrer chez moi pour travailler mais je perds une demi-journée".
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Des réticences que Ghizlane Benhakkou et Anne-Sophie Bierry entendent. Mais elles restent fermes. "Le fait que ça se fasse devant tout le monde, ça marque", souligne l'agente de sécurité incendie. De fait, chaque contrevenant est réprimandé publiquement puis raccompagné vers la sortie. "Au bout d'un moment, ils évitent de reproduire plusieurs fois la même erreur", assure-t-elle. Cette politique de sanctions se révèle en tout cas efficace sur le plan sanitaire puisque malgré la présence en espace clos de milliers de personnes, Station F a réussi à limiter à une dizaine le nombre de cas de contaminations au Covid ces derniers mois.