La rentrée littéraire, c'est aussi du côté des politiques. Après Faire, son premier ouvrage consacré à l'économie, François Fillon a publié jeudi Vaincre le totalitarisme islamique (éd. Albin Michel). Dans ce livre, l'ancien Premier ministre prône la fermeté, tout en se démarquant des solutions radicales de Nicolas Sarkozy.
Riposte au terrorisme. Le timing a-t-il été choisi avec soin, alors que la campagne du candidat à la primaire de la droite patine et qu'il a peu été entendu sur les thèmes relatifs à la sécurité ? François Fillon assure que non, et que cette idée d'ouvrage lui est venue au lendemain des attentats de Nice, face "au désordre des réactions politiques et à leur court-termisme". Objectif : mettre en forme sa riposte au terrorisme, qui se veut globale et argumentée, quand d'autres, dit-il, font dans le "story telling".
Crédible et sérieux. Ainsi, François Fillon entend se différencier de Nicolas Sarkozy et de sa surenchère sécuritaire. Être crédible, sérieux, telle est son obsession. Cela se traduit sur le fond, avec deux grands principes martelés dans son livre. D'abord, l'ancien Premier ministre refuse de s'asseoir sur l'État de droit. Selon lui, le code pénal est suffisamment armé pour lutter efficacement contre le terrorisme. Ensuite, il ne juge pas nécessaire de faire une nouvelle loi pour interdire les signes religieux et durcir la laïcité. L'inverse de Nicolas Sarkozy et sa politique du verbe, faite de solutions radicales qui, estime François Fillon, ne verront jamais le jour.
Une campagne difficile. Sérieux et crédible, le candidat à la primaire avait déjà tenté de l'être avec son programme économique, chiffré et détaillé, qu'il avait d'ailleurs accusé ses concurrents de reprendre en partie. Mais l'ancien ministre ne décolle pas. Pire, dans les sondages, alors qu'il s'est longtemps battu pour la place de troisième homme avec Bruno Le Maire, le voilà donné derrière le député de l'Eure. La récente enquête de Kantar Sofres lui attribue ainsi seulement 8% des intentions de vote.
Le gaullisme en perte de vitesse. En réalité, François Fillon se pose comme le gaulliste de la bande des candidats. Dans Vaincre le totalitarisme islamique, les références au Général de Gaulle sont d'ailleurs nombreuses, qu'il s'agisse de diplomatie ou de politique intérieure. Ainsi, il veut réhabiliter la fonction de Premier ministre, estimant que c'est à ce dernier de gouvernement, non au président et à ses collaborateurs. Cette défense du gaullisme lui a été transmise par son père politique, Philippe Séguin, et reste sa marque de fabrique. Mais elle ne lui permet plus de se différencier.
"Élément de surprise". Et pour cause, de François Hollande à Florian Philippot, tout le monde se réclame du gaullisme aujourd'hui. En outre, François Fillon a déjà eu son moment, et l'a gâché. En 2012, Nicolas Sarkozy battu, il avait le capital politique d'un Premier ministre sortant mais a échoué à prendre la présidence de l'UMP. Il s'est ensuite abîmé dans une guerre fratricide avec Jean-François Copé. Aujourd'hui, il travaille mais ne parvient plus à être audible. Son pari, c'est donc que les trois débats à venir - le premier est programmé le 13 octobre - vont lui permettre d'être, ainsi qu'il l'espère encore, "un élément de surprise" de l'élection.