Après l'épineuse réforme des retraites, le gouvernement se prépare à ouvrir un nouveau dossier sensible, celui du budget stratégique à adopter pour les armées du pays, dans le cadre de la loi de programmation militaire pour la période 2024-2030. Et dans un contexte de guerre en Ukraine, des discordes peuvent apparaître au sein même de l'exécutif. Par exemple, le ministère de l'Économie était réticent à passer la barre des 380 milliards d’euros, avant qu'Emmanuel Macron intervienne.
Ainsi, il y aura bien 413 milliards d’euros sur la table pour les militaires, qui bénéficieront d'un budget en hausse de 40% par rapport à la dernière période. Sauf que la question de la "hauteur des marches", c'est-à-dire les augmentations successives d'année en année, ne manque pas de faire débat. Matignon souhaite que l’effort budgétaire soit porté après 2027, autrement dit pour le prochain quinquennat.
Elisabeth Borne "peu sensible" aux enjeux de souveraineté
De leur côté, les armées veulent des paliers élevés dès les premières années. "On sait bien le poids de l’inertie pour lancer les programmes", justifie-t-on dans l’entourage du ministre de la Défense. Dans le même temps, le ministre des Armées de France, Sébastien Lecornu, se heurte alors à la rigidité d’une Première ministre présentée comme "peu sensible" aux enjeux de souveraineté, selon un député rompu aux affaires militaires. "Ce n’est pas son truc. Culturellement, ça ne lui parle pas", regrette ce parlementaire.
C'est pourquoi, à Matignon, on coupe court à toute forme d’inimitié, "C’est le président qui fait les arbitrages, la Première ministre est systématiquement consultée tout comme le ministre de la Défense", défend un proche d’Elisabeth Borne. Un désaccord qui, marqué par les allers-retours au sein du gouvernement, retarde la présentation du texte à l’Assemblée. L'exécutif affiche tout de même l’objectif commun de le voter au début de l’été, aux abords du discours d’Emmanuel Macron, une symbole la veille du 14 juillet.