"Dans quelques semaines, nous allons établir les priorités pour la prochaine législature de l’Union européenne", écrivent en préambule d'une tribune Emmanuel Macron et Olaf Scholz. Le président français et le chancelier allemand, qui n'ont pas toujours su accorder leurs violons, appellent en chœur à "relever le défi" d'une Europe "mortelle" et à renforcer la souveraineté, la compétitivité et la croissance du Vieux-Continent, alors que se profilent, le 9 juin prochain, les élections européennes. Macron est actuellement en visite d'État outre-Rhin, afin de revitaliser le couple franco-allemand.
"Nous ne pouvons pas prendre pour acquis les fondements sur lesquels nous avons bâti notre mode de vie européen et notre rôle dans le monde", affirment les deux dirigeants qui identifient une série d'enjeux auxquels devra répondra la future législature européenne. À commencer par le défi de la souveraineté dont le renforcement passera par "une politique industrielle ambitieuse", estiment-ils, notamment dans le domaine technologique. "Nous appelons au renforcement des capacités technologiques de l’UE en encourageant la recherche et l’innovation de pointe et le développement des infrastructures nécessaires, notamment en ce qui concerne l’intelligence artificielle et la santé".
Alléger la "bureaucratie" et "décarboner nos systèmes énergétiques"
S'agissant de la compétitivité de l'Europe, Emmanuel Macron et Olaf Scholz appellent à "moderniser [les] règles de concurrences" du Vieux-Continent. "Nous devons exploiter pleinement et accélérer considérablement les instruments de l’UE existants, des projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC) au rôle des marchés publics, en adoptant une approche plus stratégique dans les secteurs pertinents", ajoutent-ils. Une modernisation qui doit également concerner le marché unique qui "permet aux entreprises de développer des produits et des services innovants, de croître et d’être compétitives".
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Les deux dirigeants plaident par ailleurs en faveur d'un allègement de la "bureaucratie" et veillent à ne pas omettre la question environnementale. "Nous décarbonerons entièrement nos systèmes énergétiques. Nous le ferons dans le cadre d’un marché pleinement intégré et interconnecté, dans le respect des choix pris au niveau national concernant le bouquet énergétique de chaque pays. Telle est la méthode européenne : elle renforcera la résilience et la sécurité des approvisionnements et ouvrira la voie à plus de souveraineté", peut-on lire dans cette tribune.
Un marché financier européen
Emmanuel Macron et Olaf Scholz assurent qu'ils soutiendront "une politique commerciale européenne ambitieuse, solide, ouverte et durable qui permette de conclure des accords commerciaux équitables, promeuve les intérêts de l’UE, crée des possibilités réciproques d’accès aux marchés et garantisse des conditions de concurrence véritablement équitables avec nos partenaires commerciaux". Enfin, regrettant que "trop d’entreprises se tournent vers l’autre côté de l’Atlantique pour financer leur croissance", les deux dirigeants appellent à se pencher "sérieusement" sur "la question d’un marché financier européen véritablement intégré, articulé autour d’une union bancaire et d’une union des marchés des capitaux, qui remédie au problème de la fragmentation et qui garantisse la compétitivité au niveau mondial du secteur financier européen".
Et de conclure : "L’Union européenne est notre avenir commun". Emmanuel Macron s'est rendu ce lundi dans l'est de l'Allemagne, une première depuis François Mitterrand en 1989. Il a visité, aux côtés de son épouse Brigitte, et accompagné du couple présidentiel allemand, l’imposant mémorial de l’Holocauste, au cœur de Berlin, et a décoré le Français Serge Klarsfeld et son épouse pour leur contribution à la mémoire de la Shoah. Il a également prononcé un discours à Dresde et paricipe, ce lundi soir, à un Conseil des ministres franco-allemand près de Berlin.