Emmanuel Macron a réaffirmé dimanche la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d'Hiv en 1942, avant un plaidoyer vibrant contre l'antisémitisme et le racisme, en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qu'il a ensuite chaleureusement reçu à l'Elysée.
Les informations a retenir :
- La France commémorait dimanche le 75ème anniversaire de la Rafle du Vel' d'Hiv' en présence Benjamin Netanyahou
- Il s'agissait de la première rencontre officielle entre Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien
- Les deux responsables ont affiché leur unité lors d'une conférence de presse
La visite de Benjamin Netanyahou. C’est la première fois que le chef d’Etat hébreu assistait à une telle cérémonie en France. Pour l’occasion, un chapiteau avait été installé au-dessus d’un important parterre d’invités, devant le monument de la place des Martyrs juifs du Vélodrome d’Hiver. Il a été chaleureusement salué à son arrivée.
"Cette invitation pour commémorer ensemble, main dans la main, est un geste très très fort qui témoigne de l’amitié ancienne et profonde entre la France et Israël", a salué Benjamin Netanyahou, en français, à la tribune. "Je ne parle pas très bien le français, mais ici, à Paris, je tenais à prononcer quelques mots dans votre langue. Le français était aussi la langue des milliers de Juifs à qui nous rendons hommage aujourd’hui". "Votre combat est le nôtre" a-t-il aussi affirmé quant à la lutte contre le terrorisme islamiste.
"C’est bien la France qui organisa la rafle". "Merci pour ces mots", lui a répondu le président de la République. "C’est bien la France qui organisa la rafle, puis la déportation et donc, pour presque tous, la mort des 13.152 personnes de confession juive arrachées à leur domicile", a-t-il déclaré, s’inscrivant dans les pas de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, premiers présidents de la République a assumer la responsabilité de la France, et non celle du seul régime de Vichy, dans ce crime. "La France, en reconnaissant ses fautes, a ouvert la voie à leur réparation. C’est le signe de sa grandeur", a ajouté Emmanuel Macron.
"Nous ne céderons rien à l'antisionisme", qui est la "forme réinventée de l'antisémitisme", a aussi affirmé le président de la République. Vivement applaudi par l'assistance, il a eu le droit à une chaleureuse accolade de la part de Benjamin Netanyahou à la fin de son intervention.
Une commémoration religieuse et laïque. Serge Klarsfeld, fondateur de l’association des Fils et Filles de Déportés juifs de France, a accueilli Emmanuel Macron à sa descente de voiture, lui rappelant les grands jalons de l’une des périodes les plus sombres de l’histoire moderne, insistant particulièrement sur le sort réservé aux enfants. À leurs côtés Philippe Goujon, le maire du 15e arrondissement, Anne Hidalgo, la maire de Paris ou encore l’avocat Arno Klarsfeld. Le dépôt de gerbe a été suivi par une séquence plus religieuse, non prévu par le programme de l'Elysée, avec un kaddish, la prière juive des endeuillés. La Garde républicaine a ensuite joué la sonnerie aux morts.
Raphaël Esrail, président de l’Union des Déportés d’Auschwitz, a été le premier à prendre la parole à l’occasion de cette cérémonie. Il a notamment salué la mémoire de Simone Veil récemment disparue. Ont suivis les allocutions de Serge Klarsfeld, de Francine Christophe, survivante du Vel’ d’Hiv’, de Pierre-François Veil, fils de Simone Veil et président du Comité français de Yad Vashem, ou encore de Christophe Cabrol, petit-fils de Juste.
Le meurtre de Sarah Halimi. Le discours de Francis Kalifat, président du Crif, fut l’un des plus applaudis. "L’antisémitisme a toujours su se réinventer et prendre des formes nouvelles", a-t-il déclaré, revenant longuement sur le meurtre de Sarah Halimi. Il a interpellé le chef de l’Etat, demandant à ce que le "caractère antisémite" de ce crime soit inscrit au dossier. "Malgré les dénégations du meurtrier, la justice doit faire désormais toute la clarté sur la mort de Sarah Halimi", a martelé de son côté Emmanuel Macron dans sa prise de parole.
La responsabilité de la France. Les 16 et 17 juillet 1942, 13.000 Juifs, dont plus de 4.000 enfants, sont arrêtés par la police française et parqués dans l’enceinte du Vel’d’Hiv’ avant d’être déportés avec l’accord de l’occupant allemand. En 1995, Jacques Chirac avait été le premier chef d’Etat à reconnaître la responsabilité de la France dans ce drame : "La France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable".
Macron pour "deux États, Israël et Palestine". Les deux hommes se sont ensuite retrouvés à l'Elysée pour évoquer des sujets plus diplomatiques. A l'issue de cet entretien, Emmanuel Macron a appelé à une "reprise des négociations" en vue d'une "solution à deux États, Israël et Palestine". "La France se tient prête à appuyer tous les efforts diplomatiques allant dans ce sens", a ajouté le chef de l'Etat, pour qui Israël et Palestine doivent pouvoir "vivre côte à côte dans des frontières sûres et reconnues, avec Jérusalem comme capitale". Emmanuel Macron a par ailleurs assuré le Premier ministre israélien de sa "vigilance" sur l'accord signé sur le nucléaire iranien, en vue de sa "mise en oeuvre stricte".