"Les poules ont le droit de déployer leurs ailes, de marcher ou de se gratter. Or, ces droits ne sont pas respectés". La phrase est signée Brigitte Gothière, l'une des responsables de l'association L214, qui milite notamment contre l'élevage des poules en batterie. Et elle a été entendue : une directive européenne visant à réglementer l'élevage des poules est en passe d'entrer en vigueur. Et la France est à la traîne.
Les éleveurs français pas prêts
A partir du 1er janvier 2012, toutes les poules devront soit être élevées en plein air, soit dans des cages dites "aménagées", c'est-à-dire, équipées de perchoirs, de nids et de bacs à poussière. C'est principalement sur ce dernier point que ça coince.
Selon un rapport projectif de la Commission européenne, 6,1 millions de poules pondeuses françaises seront encore dans des cages "non aménagées" ou "conventionnelles" à la date d'entrée en vigueur de la directive européenne. Les œufs issus de ces élevages seront donc commercialisés en toute illégalité.
Une réglementation adoptée dès 1999
Pourtant, les éleveurs français ont bénéficié d'un délai de 12 ans pour adapter leurs exploitations. La directive européenne 1999/74/CE a en effet été adoptée en 1999 et plusieurs pays européens accusent un certain retard quant à la mise aux normes des élevages.
Cette mise aux normes ne constitue pourtant pas une révision totale des modes de production des éleveurs. Pour les poules élevées en plein air, l'espace au sol disponible doit passer de 550 cm² à 750 cm². Quant aux poules élevées en batterie, l'espace supplémentaire représente l'équivalent de la surface d'une carte postale.
Une mesure insuffisante ?
De nombreux rapports scientifiques démontrent d'ailleurs que ces mesures sont loin d'être suffisantes pour assurer le bien être des poules pondeuses. Les élevages en cages, que ces dernières soient traditionnelles ou aménagées, empêchent les poules de se comporter naturellement.
"Notre objectif est d'ouvrir les yeux des consommateurs sur les conditions d'existence des poules élevées en batterie. Elles vivent de l'âge de 18 semaines à celui de 18 mois sur une surface pas plus grande qu'une feuille A4", a dénoncé Brigitte Gothière, interrogée par Le Monde.
Dans la droite ligne de l'association L214, le CIWF (Compassion In World Farming), association britannique œuvrant en faveur du bien-être des animaux de ferme, incite les consommateurs à se tourner vers les œufs issus d’élevages alternatifs, dont les ventes sont en plein essor ces dernières années.