Sept militants de Greenpeace ont été arrêtés tôt jeudi après s'être introduits sur le chantier du réacteur EPR à Flamanville (Manche) pour dénoncer "l'irresponsabilité" des candidats pro-nucléaires à la présidentielle, a annoncé à l'AFP une porte-parole de l'ONG. Le parquet de Cherbourg a confirmé qu'il y avait bien eu une intrusion sur le site et plusieurs interpellations, sans autres précisions. Depuis 5h30, une dizaine de militants, dont certains enchaînés, bloquaient par ailleurs l'accès des véhicules aux deux principales entrées du chantier, où travaillent quelque 2.800 personnes, mais pas l'entrée des piétons, selon une journaliste de l'AFP sur place.
"+ d'EPR + de fiascos"
Une camionnette arborait des pancartes "Nucléaire : Macron irresponsable" ou "+ d'EPR + de fiascos". Des militants de l'ONG de défense de l'environnement, vêtus de combinaisons blanches pour certains, se sont enchaînés à d'immenses trépieds métalliques. Sept autres, dont le directeur général de Greenpeace France Jean-François Julliard, sont parvenus à s'introduire sur le site et à déployer une banderole proclamant "Nucléaire : Macron irresponsable" près du réacteur en construction, avant d'être arrêtés, selon Cécile Génot, chargée de communication à Greenpeace France.
Cette opération vise à "dénoncer l'irresponsabilité d'Emmanuel Macron et des autres candidats pro-nucléaires qui veulent construire de nouveaux réacteurs EPR alors qu'on le voit avec la situation en Ukraine, le nucléaire est dangereux", a expliqué Nicolas Nace, chargé de la transition énergétique à Greenpeace France.
11 ans de retard, un coût de 12,7 milliards
EDF construit cet EPR, dont le chantier accumule retards et surcoûts, aux côtés des deux réacteurs en service de sa centrale de Flamanville. Cette nouvelle action de Greenpeace, hostile au nucléaire, intervient alors que le président Emmanuel Macron a annoncé le 10 février un programme de construction de six réacteurs EPR en France d'ici à 2035, en plus de celui en construction en Normandie.
Lancé fin 2007, le chantier normand cumule 11 ans de retard et son coût est monté à 12,7 milliards selon EDF contre 3,3 milliards annoncé en 2006. La Cour des comptes a elle estimé la facture à 19 milliards en 2020. La mise sur le réseau du premier kilowatt est annoncée par EDF pour 2023. Greenpeace France a demandé en début d'année "un moratoire" sur les travaux, "afin de conduire une évaluation en toute indépendance de la viabilité des réacteurs nucléaires EPR".