Retour à la semaine de 4 jours à l'école : un casse-tête en vue pour les parents ?

Quelque 31% des écoles primaires reviennent à la semaine de 4 jours dès septembre.
Quelque 31% des écoles primaires reviennent à la semaine de 4 jours dès septembre. © PATRICK HERTZOG / AFP
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Mathilde Belin
Un tiers des écoles ont opté pour le retour à la semaine de 4 jours dès septembre. Avec le risque pour certains parents de devoir s'organiser à la dernière minute.

La rentrée se fera cette année en ordre dispersé dans les écoles. Trois ans seulement après la mise en place de la réforme des rythmes scolaires, près d'un tiers des écoles primaires ont opté pour le retour à la semaine de 4 jours de cours, dès septembre prochain, a annoncé l'Éducation nationale mardi. Pour les municipalités qui font marche arrière comme pour les parents d'élèves concernés, il reste tout à réorganiser. 

  • Pourquoi ce retour à la semaine de 4 jours ?

Le candidat Macron avait promis de laisser les communes choisir leurs rythmes scolaires, notamment en raison des difficultés financières rencontrées pour certaines d'entre elles à organiser les activités périscolaires. Un décret en ce sens est ainsi paru fin juin. "Ma conviction, c’est que notre système a besoin de liberté et de confiance", avait déclaré le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer dans Le Grand Rendez-Vous début juillet, regrettant l'uniformisation de la réforme des rythmes scolaires à toutes les écoles primaires, mise en place sous le précédent quinquennat.

En laissant le choix aux communes, a précisé le ministre, "le but c’est de ne pas changer là où ça marche et, là où il y a quelques difficultés, ouvrir une nouvelle liberté", avait-il encore résumé, insistant sur le fait que la semaine de 4 jours et demi devra "rester la norme à la rentrée".

  • Qui décide de faire marche arrière ?

Le retour à la semaine de 4 jours est le résultat d'un consensus entre les représentants de l'école et de la mairie, qui en ont débattu en réunion, en présence des parents d'élèves. Si le consensus aboutit, le directeur académique des services de l'Éducation nationale (le représentant du ministre dans le département) statue et valide ce changement. Si certaines écoles qui désiraient le retour à la semaine de 4 jours ne l'ont pas obtenu, c'est qu'il n'y a pas eu consensus avec la mairie, tient à préciser le ministère de l'Éducation nationale joint par Europe1.fr.

  • Quand et comment cela va-t-il changer ?

Les communes qui ont opté pour le retour à la semaine de 4 jours avaient jusqu'à la mi-juillet pour rendre leur copie, ajoute l'Éducation nationale. Il est désormais trop tard si une ville souhaite changer son rythme scolaire pour la rentrée prochaine : les prétendants doivent maintenant attendre la rentrée 2018/2019. Les communes ont par ailleurs jusqu'à la rentrée 2019 pour trancher définitivement sur le maintien ou non de la semaine de 4 jours et demi, ainsi que sur le maintien ou non des activités périscolaires. Il revient ensuite aux services de la ville et de l'école de faire la réorganisation liée au retour à la semaine de 4 jours, notamment en ce qui concerne l'accueil des enfants et le transport.

"Une rentrée, ça se prépare de long mois à l'avance."
La plupart des communes qui ont choisi le retour de la semaine de 4 jours cette année sont rurales. Si quelques grandes villes de plus de 50.000 habitants ont fait également ce choix, elles restent minoritaires. Comme le souligne Agnès Le Brun, vice-présidente de l'Association des Maires de France (AMF), jointe par Europe1.fr, il est en effet plus compliqué pour une grande ville d'organiser ce changement de rythme en deux mois.

"Il y a des villes comme Marseille qui ont fait le choix de la réflexion car c'est une énorme machine ce retour à la semaine de 4 jours. Elles ont besoin de temps pour s'organiser et une rentrée, ça se prépare de longs mois à l'avance", a-t-elle expliqué. "Des communes se donnent aussi une année de réflexion pour voir ce qu'il en est, et je pense qu'il y aura plus de communes qui demanderont le retour à la semaine de 4 jours à la rentrée 2018, en raison des baisses de dotations", présume Agnès Le Brun.

  • Comment les parents peuvent-ils s'informer ?

L'Éducation nationale dispose d'un moteur de recherche en ligne, qui permet aux parents de se renseigner sur les horaires de l'école de leur(s) enfant(s). L'application a été mise à jour avec les établissements qui ont opté pour la semaine de 4 jours, assure-t-on rue de Grenelle. Autrement, c'est à l'école de communiquer directement auprès des parents d'élèves, que ce soit via le carnet de liaison des élèves ou via un affichage dans l'établissement, précise l'Éducation nationale.

Cette école de Nice a par exemple choisi le retour à la semaine de 4 jours, comme c'est indiqué sur le moteur de recherche de l'Éducation nationale : 

nice

"Sauf que les parents ne sont pas informés puisqu'on est en pleines vacances scolaires. C'est ubuesque !", a réagi auprès d'Europe1.fr le vice-président national de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), Hervé Jean Le Niger. "Les familles, qui se sont coupées de l'information et il y en a beaucoup, vont revenir fin août et vont découvrir qu'il n'y a plus de mercredi matin... Une organisation nouvelle va devoir être mise en place et ça ne sera pas le plus simple. On s'attend à voir des services extrêmement sollicités dans les communes", craint-on également à l'AMF.

Le risque est donc que les parents d'élèves découvrent à leur retour de vacances que l'emploi du temps de leurs enfants a changé en septembre, et qu'ils doivent s'organiser à la dernière minute. "On voit que les communes qui reviennent à la semaine de 4 jours sont rurales donc cela pose le problème des transports. Et le mercredi, que vont faire les parents de leurs enfants ? Ce sera un coût financier en plus pour la garderie...", regrette la FCPE, qui estime par ailleurs qu'"on ne se soucie pas beaucoup de l'intérêt de l'enfant".