Air France-KLM s'apprête à retrouver un commandant de bord. La direction a convoqué un conseil d'administration jeudi en fin de journée pour acter la nomination de Benjamin Smith, actuel numéro deux d'Air Canada, au poste de directeur général du groupe franco-néerlandais. Un choix qui ne plaît pas du tout aux syndicats. "Si c'est le candidat choisi par le conseil d'administration, il aurait peu de connaissances sur l'environnement français et européen. Le risque est grand de perdre beaucoup de temps", a déploré sur Europe 1 Philippe Evain, directeur du SNPL, le puissant syndicat de pilotes d'Air France.
Méconnaissance de l'environnement. Si le transfuge d'Air Canada était nommé, il aurait "peu de connaissances juridiques ne serait-ce que sur le droit du travail, peu de connaissances économiques sur l'état du marché et de la concurrence et peu de connaissance sur les relations et le dialogue social", énumère le directeur du SNPL. Mais pour lui, cela signifierait aussi un manque de renouvellement. "Il serait obligé de continuer à s'entourer des cadres qui sont actuellement en charge à Air France, et là on pense que c'est le principal écueil. On souhaiterait avoir beaucoup de renouveau pour avoir de nouvelles idées et de nouvelles stratégies", poursuit Philippe Evain.
Manque de renouvellement du management. Le SNPL pointe en effet le fait que le dialogue social ne se passe pas uniquement au niveau du PDG. "Les négociations se font souvent à un étage intermédiaire et ce PDG-là, ce n'est pas forcément avec lui que nous discuterons en direct. Ce qu'on attendait de ce changement de gouvernance, c'était plutôt un renouveau de la chaîne managériale si ce n'est complet, au moins en très grande partie. Parce que les difficultés de dialogue social se sont exprimées à tous les niveaux de la compagnie", indique-t-il sur Europe 1.
Transfuge vers d'autres compagnies. Les pilotes craignent également que Benjamin Smith, en raison de son attachement moins fort à la France, ne soit tenté de faire basculer une partie du trafic vers d'autres pays, via KLM par exemple. "On peut aisément, lorsque l'on dispose de plusieurs compagnies comme c'est le cas avec Air France-KLM, dévier les flux de passagers. C'est déjà ce qui s'est produit par le passé à Air France : on a perdu beaucoup de marchés vis-à-vis de nos collègues de KLM et on a très, très peur que cela s'amplifie", a conclu Philippe Evain.