Deux mois que leur usine est fermée, après la découverte de lait contaminé provenant du site Lactalis de Craon. Deux mois que les 250 salariés sont au chômage technique. Les nerfs sont à vif : "Vous ne vous rendez pas compte de l'impact sur Craon et sur toute l'économie derrière. Il faut arrêter de baver", peste l'époux d'une salariée en déplorant le battage médiatique qui agite la petite commune de Mayenne.
Des analyses de selles. Devant le scandale sanitaire qui frappe l'entreprise, les salariés ont subi des analyses sur leurs selles pour savoir si l'un d'entre eux est porteur de la salmonelle et a pu la transmettre à la chaîne de fabrication. Beaucoup n'ont pas bien vécu l'épisode, qui intervient après une succession de mauvaises nouvelles pour l'entreprise, des aveux de la grande distribution sur les lots vendus aux révélations sur les soupçons d'évasion fiscale et ce malgré la prise de parole, très rare, du président Emmanuel Besnier.
"Ils sentent une pression". "Il me dit que cette entreprise est en danger, qu'ils sentent une pression. Chacun essaye de se défendre", explique Vincent, qui a un frère qui travaille dans l'usine de Craon. "Beaucoup sont inquiets pour leur emploi, car ils se disent qu'ils devront peut-être changer d'usine, voire déménager s'ils ne se débarrassent pas des salmonelles", craint Jérémy, qui a une demi-douzaine d'amis techniciens dans l'usine. "Le fait que ça participe au développement des nourrissons touche vraiment les gens. Ça les affecte vraiment."