Des centaines de milliers d'erreurs pour une interrogation majeure : les expérimentations menées depuis un an sur 500 entreprises et collectivités ont-elles permis d'ajuster au mieux le prélèvement de l'impôt à la source ? L'entrée en vigueur du dispositif au 1er janvier prochain doit être confirmée ou repoussée à l'issue d'une réunion de l'exécutif, mardi, alors que Le Parisien a dévoilé samedi un rapport faisant état de 750.000 erreurs techniques entre août 2017 et juin 2018.
Un barème Guadeloupe au lieu d'un barème métropole. Un chiffre à relativiser, selon Emmanuel Prévost, directeur du pôle Veille juridique d'ADP, groupe spécialisé dans la gestion des relations humaines et de la paie. Depuis février, 10.000 des trois millions de bulletins de paie édités chaque mois par son entreprise sont fait en double, avec une version prélèvement à la source. Plusieurs bugs ont émaillé ces expérimentations : "Pour l'un de nos clients, on s'est aperçu que l'on allait rechercher un barème Guadeloupe au lieu de rechercher un barème métropole. Après, il y a eu effectivement des erreurs de notre côté, des petites erreurs côté Bercy, mais ça fait partie d'un projet aussi majeur que celui-ci", explique-t-il.
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À l'en croire, les bugs recensés par Le Parisien, source d'inquiétude à quelques mois de la mise en place théorique du prélèvement de l'impôt à la source, relèvent de l'histoire ancienne : "Sur les tests que nous menons, nous n'avons plus d'erreurs et nous avons géré l'intégralité des cas de figure que nous avions prévu de tester en lien avec la direction générale des finances publiques. Nous nous sentons près sur cette réforme." Ces cas de figure sont variés : les salariés d'Outre-mer, les CDD, les frontaliers ou encore les expatriés.
En Allemagne, le prélèvement à la source peut surprendre les expatriés
De l'autre côté du Rhin, le prélèvement à la source existe depuis 1925. Une habitude pour les Allemands, mais qui peut désarçonner les Français expatriés. "Je croyais que j'allais gagner 3.000 euros et en fait il y a écrit 1.500 euros sur le bas de la page", se souvient Laura. "J'étais assez contente d'avoir ma fiche de paie toute simple, avec tout qui était déjà envoyé à l'administration", explique-t-elle à la correspondante d'Europe 1 en Allemagne. Un bémol, toutefois : "On ne sait pas vraiment ce qu'on paye. Dans certaines conditions, on peut récupérer une partie de nos impôts à la fin de l'année donc finalement ça devient compliqué. Moi, je suis aidée par un comptable, donc je n'ai pas l'impression de me faire arnaquer, mais la donne peut être différente pour des gens qui n'ont pas de comptable ou qui ne sont pas aussi à l'aise."
Un autre expatrié se rappelle avoir "fait des recherches" avant de s'installer et "négocié [son] salaire en salaire net" : "J'ai connu des collègues français qui ne savaient pas ça et qui ont vraiment fait la tronche en voyant leur premier salaire net. Quand j'ai vu mon premier salaire brut par rapport à ce que je percevais en net, oui, ça fait étrange."