Avec la rentrée, les étudiants ont repris le chemin de l’école et les travailleurs sont de retour au bureau. À Paris, certains ont opté pour le vélo comme mode de transport. Mais pour les adeptes du Vélib’, pas évident de se procurer une bicyclette en libre-service. Smovengo, le nouvel opérateur, n’a pas réussi à compenser totalement le retard accumulé depuis le début de l’année et revendique un service opérationnel à 70%. "Ce n’est évidemment pas satisfaisant. Mais on est sur la bonne voie. La courbe de progression est vertigineuse", assure Arnaud Marion, patron de Smovengo depuis fin juin et invité de l’interview éco d’Emmanuel Duteil, sur Europe 1 mardi.
Écoutez l'interview intégrale d'Arnaud Marion à 22h20 dans le journal de la nuit d'Isabelle Millet. Le replay de l'émission est à retrouver ici.
Objectif : 20.000 vélos début 2019. La vision optimiste du patron de Smovengo tranche avec le fiasco du changement d’opérateur. Le service Vélib’ fonctionne aujourd’hui avec un taux de disponibilité de 70%, "soit 820 stations en service, 10.000 vélos en circulation et 35.000 trajets quotidiens". Loin de l’objectif initial qui fixait au 31 mars l’accès total aux vélos en libre-service. "On avait atteint un point bas mi-juin, lors de mon arrivée et j’avais pris un certain nombre d’engagements avec fin août comme échéance. Nous les avons tous respectés et même dépassés", défend Arnaud Marion. "On est sur la bonne voie", ajoute le dirigeant, qui annonce un service complet pour "le premier trimestre 2019".
A cette échéance, Vélib’ disposera de "20.000 vélos répartis sur 1.400 stations avec un taux de disponibilité supérieur à 90%", précise le patron de Smovengo. "Mais dès le mois d’octobre, il y aura une nette différence." Reste que mettre des vélos à disposition des Franciliens est une chose, assurer leur fonctionnement en est une autre : sur les réseaux sociaux, les usagers font régulièrement part de leur mécontentement : vélos mal connectés, impossible à décrocher, ou avec des pneus crevés… "Il ne faut pas surestimer la situation telle qu’elle était avant", rappelle Arnaud Marion. "Avant, la disponibilité était signalée par une petite lumière verte ou rouge. Là, l’usager est obligé d’essayer de décrocher le vélo pour voir. Nous travaillons pour améliorer la situation."
Anticiper le vandalisme. Autre problème que devra anticiper Smovengo : les dégradations. Depuis le début de son déploiement, l’opérateur a recensé environ 3.000 vélos volés ou perdus. "Tous les acteurs de la mobilité le disent : il y a un problème assez français, et particulièrement parisien, de vandalisme, qu’on ne retrouve pas, dans ces proportions, ailleurs en Europe", critique Arnaud Marion. "C’est un problème, à nous de mettre en place des solutions, comme des systèmes d’antivol. On est en train de fiabiliser le système", précise-t-il.
Maintenant que Smovengo a atteint son rythme de croisière, Arnaud Marion souhaite se concentrer sur le positif. "La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui, nous gagnons 3.000 courses par jour", indique-t-il. Il se félicite également du "grand succès" rencontré par les vélos à assistance électrique (les bleus), qui permettent de se déplacer à 25 km/h. "Ils sont utilisés pour plus d’un tiers des courses", souligne le patron de Smovengo. A noter que, pour utiliser les vélos électriques, il faut souscrire un abonnement particulier (V-Max), qui peut atteindre, selon la formule choisie, 99 euros par an.
Avenir incertain. Malgré toute sa bonne volonté, l’avenir de Smovengo comme opérateur du Vélib’ n’est pas encore assuré. Le syndicat mixte des communes doit se réunir fin septembre pour décider de continuer à confier, ou non, la gestion du système à l’entreprise. Une épée de Damoclès qui n’inquiète pas outre-mesure Arnaud Marion. "On peut le voir comme ça. Mais on peut aussi constater que Smovengo respecte ses objectifs. Je suis plutôt confiant", assure le patron du consortium. "Je serais étonné si tout cela devait aboutir à une résiliation du contrat, qui priverait les Parisiens d’un service de vélos en libre-service, certes pas parfait, mais qui a le mérite d’exister."