Éric Coquerel 1:22
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avec AFP , modifié à
Éric Coquerel, élu jeudi au poste-clé de président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, est un défenseur inlassable des "quartiers populaires" et l'un des promoteurs auprès de Jean-Luc Mélenchon de la lutte contre "l'islamophobie". Il s'est imposé depuis une dizaine d'années comme l'un des mélenchonistes les plus médiatiques.

Le député LFI de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel, élu jeudi au poste-clé de président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, est un défenseur inlassable des "quartiers populaires" et l'un des promoteurs auprès de Jean-Luc Mélenchon de la lutte contre "l'islamophobie". Ces derniers jours, c'est plutôt la perspective qu'il préside la puissante commission des finances qui a inquiété la macronie, la droite et le RN.

Même s'il assure en souriant qu'il a eu "16/20 au bac sur le tournant de la rigueur de Mauroy", Éric Coquerel ne pouvait se prévaloir d'un pedigree aussi convaincant sur l'économie que l'ancienne cheffe des députés PS Valérie Rabault. Elle voulait se présenter avant de se rendre à la logique des rapports de force intra-Nupes. Techniquement, "ce n'est pas faire offense à Éric Coquerel de dire qu'elle avait une compétence plus importante", souligne ainsi la députée socialiste Christine Pires-Beaune auprès de l'AFP. Pourtant, celle qui était la voisine d'Éric Coquerel en commission lors de la précédente législature témoigne : "Il était très présent, très assidu, ce n'est pas le cas de tout le monde. C'est quelqu'un qui a bossé ses dossiers."

Disponibilité médiatique

Par sa disponibilité auprès des journalistes, il s'est imposé depuis une dizaine d'années comme l'un des mélenchonistes les plus médiatiques. Mais il est aussi omniprésent dans les manifestations, les piquets de grève, les luttes étudiantes ou dans les quartiers. "C'est un député d'action, il aime bien participer aux mouvements sociaux", rapporte Pascal Troadec, adjoint au maire de Grigny (Val-de-Marne) et l'un des animateurs à LFI des collectifs militants dans les cités.

"J'apprécie sa disponibilité et son engagement, c'est à ça qu'on reconnaît un élu de terrain, car ce ne sont pas toujours des luttes gagnantes", euphémise-t-il.

Voile(s)

Éric Coquerel a en particulier organisé en novembre 2018 à Épinay (Seine-Saint-Denis) les premières "Rencontres des quartiers populaires". Au-delà de toutes les problématiques sociales et territoriales alors abordées, l'événement reste l'un des symboles de l'évolution de Jean-Luc Mélenchon et de LFI sur le voile. "J'ai été un des acteurs du changement de période, considérant qu'avec le développement d'un racisme à l'encontre des musulmans dans le pays, il fallait les protéger", confie Éric Coquerel.

Il explique : "Comme tous les élus de Seine-Saint-Denis, c'est moins moi qui ai changé que la période : on a dû constater que pour la quasi-totalité des femmes voilées, c'est plus un affichage culturel et religieux qu'une soumission. Alors qu'avant le voile était chez nous davantage vu comme le signal de l'intégrisme."

François Cocq, ancien orateur national de LFI, qui tient Éric Coquerel pour son "parrain en politique", est circonspect à ce sujet : "Cette ligne, ils l'ont portée instantanément. Je veux bien qu'être élu de Saint-Ouen lui donne une révélation, mais ils ont surtout regardé leurs intérêts électoraux pour garder leurs circonscriptions."

Spécialiste des découvertes maritimes

Il raconte : "Coquerel a fait partie, après 2017, de ceux qui ont théorisé les 600.000 voix manquantes à l'élection de Jean-Luc Mélenchon" et partant, de la nécessité d'amplifier la conquête des quartiers populaires. Mais François Cocq garde "beaucoup d'affection" pour le député, qui "humainement dépareille à LFI" et "est l'un des seuls qui osent dire les choses à Mélenchon".

Éric Coquerel est né le 30 décembre 1958 à Courbevoie, d'une mère employée de bureau, et d'un père ayant profité de "l'ascenseur social" pour passer de titulaire d'un CAP à orthophoniste. Il passe et rate le bac une première fois à 19 ans et doit rapidement enchaîner les petits boulots pour conquérir son autonomie financière. Il est aussi pendant quelques années analyste programmeur, avant de passer et rater le Capes d'histoire.

Spécialiste des découvertes maritimes dans l'histoire, il se passionne pour l'organisation des courses de voile, et fonde une prospère société, "Effets mer". Il doit renoncer à ses parts quand il émerge médiatiquement : "C'est compliqué d'obtenir les sponsors quand on a fait campagne contre les banques", s'amuse-t-il. Car Éric Coquerel n'a jamais cessé de militer, de la lutte lycéenne à la direction du Parti de gauche, en passant par son adhésion à la LCR, au MRC de Jean-Pierre Chevènement puis à la création du mouvement "Mars".