De la friture sur la ligne entre Paris et Berlin. L’Allemagne a décidé dimanche de fermer une partie de sa frontière avec la Moselle, car le département est classé à "haut risque Covid" par l’Allemagne. Conséquence : à partir de mardi, il faudra obligatoirement présenter un test négatif de moins de 48 heures pour passer la frontière.
Des contrôles aléatoires à la frontière
L’Allemagne réserve malgré tout un traitement de faveur à la France, puisqu’elle ne ferme pas totalement sa frontière. La police fédérale allemande ne bloquera pas tous les véhicules à l’entrée dans le pays pour vérifier que tous les passagers ont bien un test négatif. Elle fera plutôt des contrôles aléatoires. On devrait donc éviter les scénarios catastrophes avec des embouteillages monstres comme il y en a depuis deux semaines au point de passage avec la République tchèque ou le Tyrol autrichien.
Un test antigénique suffit
Autre traitement de faveur : un test antigénique suffit, et non un PCR. Mais les autorités locales de Sarre, qui sont en dialogue étroit et permanent avec les élus français de Moselle, espéraient clairement mieux, comme par exemple, qu’on autorise les travailleurs frontaliers à ne se faire dépister qu’une seule fois par semaine, sur le lieu de travail. Le land a d’ailleurs distribué 10.000 kits de tests rapides aux PME sarroises.
Berlin espérait plus de restrictions côté français
Mais Berlin ne veut pas lâcher du lest. Ce serait incompris dans un pays qui sort de deux mois et demi de fermeture des commerces non-essentiels et des écoles. Les Allemands ont fait beaucoup d’efforts, pour arriver à un résultat satisfaisant : le taux d’incidence est quatre fois plus bas en Sarre qu’en Moselle. L’Allemagne veut maintenant protéger cette situation. Car Berlin a longtemps espéré que la Moselle soit placée en confinement le week-end ou bien que les écoles soient fermées. Mais faute de décision à Paris, Berlin a été très sévère.
Pour les habitants de la commune de Sarreguemines, collées à la frontière allemande, les conséquences sont nombreuses, notamment pour ceux comme Arlette qui ont l’habitude d’aller faire leurs courses chez les voisins allemands "une à deux fois par semaine". "Pour tout ce qui est produits de beauté et d'entretien, la différence de prix est nette", développe-t-elle au micro d’Europe 1, avant d’ajouter avec le sourire : "ceux qui fument doivent aussi avoir un peu la rage au ventre". Autre difficulté : la frontière n’est pas clairement délimitée. "Quand vous quittez Sarreguemines, vous êtes directement en Allemagne. On ne voit plus la frontière, on va en Allemagne sans s’en rendre compte", raconte une autre habitante.
16.000 travailleurs frontaliers
Mais ce sont les travailleurs frontaliers que la décision allemande perturbe le plus. "Pour moi, c’est une catastrophe. Je dois replannifier toute ma vie, c’est impossible de faire un test tous les jours", se désole Aldo, qui doit passer la frontière quotidiennement pour le travail. De son côté, le gouvernement français demande à l’Allemagne d’assouplir ses mesures pour les 16.000 travailleurs frontaliers de Moselle.